La Coalition nationale syrienne n'a pas attendu la conférence Genève 2 pour élire son nouveau Premier ministre. C'est l'islamiste modéré Ahmad Toumeh qui a été choisi, quelques heures après l'accord américano-russe, rejeté par l'opposition syrienne.
Peu de temps après l’annonce d’un accord à Genève sur les armes chimiques du régime de Damas, la Coalition nationale syrienne (CNS) s’est dotée d’un nouveau Premier ministre par intérim. L’instance qui regroupe les principaux opposants à Bachar al-Assad a élu, samedi 14 septembre à Istanbul, un islamiste modéré, Amdah Toumeh. Objectif : affirmer la crédibilité et l’unité de la rébellion sur la scène internationale, alors que la CNS était menacée d’isolement à cause des dissenssions en son sein.
Originaire de la province de Daïr az Zour, Ahmad Toumeh, 48 ans, est le secrétaire général de la Déclaration de Damas, un groupe d'opposants historiques, qui avait contesté pacifiquement le régime d'Assad avant le début de l'insurrection en mars 2011. Cet engagement lui a valu d'être emprisonné de 2007 à 2010. Depuis le début de l'insurrection, il a de nouveau été arrêté à plusieurs reprises et contraint de quitter la Syrie cette année.
Rejet du maintien d’Assad au pouvoir
"La priorité de mon gouvernement [qui devrait être composé de 13 ministres, NDLR] sera de rétablir la stabilité dans les zones libérées, d'améliorer les conditions de vie de leurs habitants et d'assurer la sécurité", a-t-il confié après son élection.
Il a également déclaré que la CNS rejetterait tout projet de règlement de la crise syrienne qui maintiendrait Bachar al-Assad au pouvoir. L’ accord négocié quelques heures plus tôt par les États-Unis et la Russie sur le processus de destruction de l’arsenal chimique syrien est d’ailleurs vu d’un mauvais œil. Pour Khaled Khoja, membre de la CNS, cet accord "jette une ombre sur la nomination de notre Premier ministre".
"Je pense que la question du gouvernement (provisoire) ne figure pas sur leur ordre du jour", a-t-il ajouté, estimant que les États-Unis auraient préféré que ce gouvernement émerge du processus diplomatique. Washington, comme Moscou, espèrent que l'accord sur les armes chimiques relancera la tenue d'une conférence internationale de paix dite de Genève 2. "Ils voulaient parvenir à un accord sur un gouvernement par le biais (du processus de) Genève, pas avant", a encore commenté Khoja.
Avec dépêches