Mercredi, les premières funérailles ont été célébrées, 72 heures après le violent tremblement de terre qui a tué plus de 270 personnes dans le centre de l'Italie. Une journée de deuil national a été décrétée. Elle aura lieu vendredi.
Reuters - L'Italie a commencé mercredi à enterrer les victimes du séisme dans les Abruzzes, dans le centre de l'Italie, où les recherches se poursuivent pour retrouver des rescapés deux jours après la catastrophe.
On dénombre également un millier de blessés, dont une centaine dans un état grave, et une trentaine de disparus. 28.000 personnes ont perdu leur maison, dont 17.000 ont dû trouver refuge dans des villages de tentes.
Une chapelle ardente a été dressée dans un centre de formation de la Guardia di Finanza, la police douanière et financière, dans les faubourgs de L'Aquila, la ville la plus touchée.
Une journée de deuil national a été décrétée pour vendredi, avec des funérailles officielles en présence des plus hautes autorités du pays. Mais les premiers enterrements ont eu lieu mercredi.
A Loreta Aprutino, une petite ville sinistrée, les proches et les amis de Giuseppe Chiavaroli ont accompagné une dernière fois cet étudiant de 24 ans tué par le séisme, enterré par l'évêque de Pescara, Mgr Tommasso Valentinetti.
Quelques heures plus tôt, une jeune femme de 20 ans avait été retrouvée vivante après 42 heures passées dans les ruines d'un bâtiment de quatre étages.
Le président du Conseil Silvio Berlusconi s'est rendu sur place pour la troisième journée consécutive. Lors d'une conférence de presse à L'Aquila, il a déclaré que des pays étrangers pourraient participer à la reconstruction des nombreux monuments historiques détruits par le séisme.
Plusieurs répliques ont gêné les efforts des secours. La plus forte, de magnitude 5,6 sur l'échelle de Richter, a fait un mort mardi soir et provoqué l'effondrement de plusieurs bâtiments, dont une partie d'une basilique et la gare de L'Aquila, ville médiévale de 68.000 habitants.
A Rome, à cent kilomètres de là, les meubles ont vibré aux étages supérieurs des immeubles au cours de cette réplique. Un Romain de 76 ans serait mort d'une crise cardiaque.
A Onna, un village de 300 habitants, il y a eu plus de quarante morts et pratiquement tous les bâtiments ont été détruits ou endommagés. "Nous sommes sous le choc. Nous avons perdu tant de gens que nous aimions, beaucoup de jeunes, toute une génération détruite... Le village est en ruines", se lamentait Antonella Massi, une habitante d'Onna.
Berlusconi, qui a proclamé l'état d'urgence et dépêché des troupes dans la région sinistrée, a fait ériger vingt camps de toile et seize cuisines de campagne pour fournir des repas chauds.
Les conséquences du tremblement de terre sur l'économie italienne, déjà menacée par la pire récession depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, devraient être limitées. Les assureurs estiment les dégâts à deux ou trois milliards d'euros.
En revanche, l'impact sur la vie locale sera terrible dans cette région qui vit surtout du tourisme, de l'agriculture et de l'activité de PME familiales.
Silvio Berlusconi s'est engagé à faire construire une nouvelle ville près de L'Aquila. Son ministre de l'Agriculture, Luca Zaia, en visite sur place, a demandé aux Italiens d'aider la région, "principalement en achetant des produits des Abruzzes".
Le gouvernement et des propriétaires d'hôtels ont offert des logements gratuits pour les sans-abri dans des hôtels de la côte Adriatique.
"Allez sur la côte, c'est Pâques, prenez du repos et nous paierons", a dit Berlusconi lors d'une visite à un village de tentes mardi. Dans une interview à une télévision allemande, il a déclaré que les sans-abri accueillis sous les tentes "devaient se dire qu'ils font un week-end de camping".
Les équipes de football italiennes ont annoncé que les recettes des matches du week-end à venir iraient aux victimes du séisme. Universités et journaux ont organisé des quêtes. Les patrouilles de police ont été renforcées dans les villes touchées après quelques cas de pillages. Et Berlusconi a lancé une mise en garde aux pillards. "Quiconque est assez misérable pour essayer de tirer profit d'une tragédie pareille prouve qu'il n'a aucun principe et sera sévèrement puni", a-t-il dit.
Le séisme de lundi, particulièrement meurtrier parce qu'il a surpris la population dans son sommeil, est le plus grave depuis celui qui avait fait 2.735 morts en Campanie, dans le sud de l'Italie, en novembre 1980.