Alors qu'il est sous le coup d'une procédure d'extradition vers l'Allemagne, l'ancien garde nazi John Demjanjuk devrait pouvoir rester aux États-Unis jusqu'au résultat de son appel, selon les services d'immigration américains.
AFP - L'ancien garde nazi John Demjanjuk, sous le coup d'une procédure d'expulsion vers l'Allemagne prenant effet mercredi, pourra rester aux Etats-Unis jusqu'au résultat de son appel, a-t-on appris auprès des services d'immigration américains.
"Le dossier est entre les mains de la justice", a expliqué à l'AFP Pat Reilly, une porte-parole de l'agence de l'Immigration et des douanes (ICE) américaine. "Quand il sera expulsable, c'est-à-dire quand il n'y aura plus de recours judiciaires en instance, nous l'expulserons", a-t-elle précisé.
M. Demjanjuk, 89 ans et qui souffre de leucémie, a fait appel mardi matin de la décision d'un juge fédéral d'immigration la veille d'autoriser les Etats-Unis à le renvoyer vers l'Allemagne qui veut le juger pour l'assassinat d'au moins 29.000 juifs.
Cette décision du juge d'immigration prenait effet mercredi.
Malgré la coopération des autorités américaines, le feuilleton judiciaire dure depuis presque un mois dans cette affaire, depuis que Berlin a délivré le 11 mars un mandat d'arrêt à l'encontre du vieil homme.
Arrivé aux Etats-Unis avec sa famille dans les années 50, M. Demjanjuk, d'origine ukrainienne, s'est installé à Cleveland (Ohio, nord). Un juge américain lui a retiré sa nationalité américaine en 2002 et il était sous le coup d'une procédure d'expulsion ordonnée par un juge de l'immigration depuis 2005.
M. Demjanjuk est soupçonné "d'avoir été gardien dans le camp d'extermination de Sobibor, aujourd'hui en Pologne, du 27 mars 1943 à fin septembre 1943 et d'y avoir aidé à l'assassinat d'au moins 29.000 juifs", selon le parquet de Munich.
Condamné à mort en Israël en 1988, il a toutefois été acquitté par la Cour suprême israélienne en raison de doutes sur son identité.
La semaine dernière, son avocat, Me John Broadley a déposé un recours et un référé pour stopper l'expulsion qui devait avoir lieu dimanche dernier devant un tribunal chargé de l'immigration.
Ces recours ont été formulés "à la lumière de sa santé défaillante et sur la base du fait que l'angoisse et la douleur (quand) il sera arrêté, incarcéré et jugé en Allemagne peuvent être assimilées à de la torture, aux termes de la convention contre la torture", avait affirmé Me Broadley à l'AFP.
Vendredi, le juge Wayne Iskra, en charge du dossier avait d'abord suspendu l'expulsion mais lundi, il est revenu sur sa décision, se déclarant en réalité incompétent dans cette affaire.