
Lors d’une interview accordée à FRANCE 24 mardi, l’opposante syrienne Bassma Kodmani a mis en garde contre le risque de voir le régime d’Assad reprendre la main, si les Occidentaux desserrent la pression militaire.
"Désamorcer maintenant la montée en force de la menace militaire serait une erreur." C'est en ces termes que Bassma Kodmani, membre fondatrice de la Coalition nationale syrienne (CNS), dont elle a quitté les rangs en 2012, a accueilli mardi 10 septembre la proposition russe, qui envisage de contrôler les armes chimiques syriennes au lieu de frapper militairement. Pour la militante, cette option permettrait ni plus ni moins à Bachar al-Assad de gagner du temps.
"Tout ce qui peut éviter des destructions supplémentaires est bien-sûr bienvenu. Ceci étant, je crains que le régime de Damas mène en bateau la communauté internationale et que son intention soit uniquement de desserrer l’étau autour de Damas," s’inquiète-t-elle, sur l'antenne de FRANCE 24. Le régime syrien a salué la proposition de démantèlement de son arsenal chimique, mais ne l’a pas validée.
"Il n’y a que la menace crédible qui débloquera la situation"
De plus, pour l’opposante syrienne résidant à Paris, se concentrer sur les armes chimiques est, là encore, une erreur. "Parler du chimique sans parler du reste, c’est regarder la pointe de l’iceberg. Depuis deux ans et demi, nous assistons à des destructions qui ne sont pas dues à des armes chimiques, mais bien à l’utilisation massive d’armes lourdes," lance-t-elle, dénonçant une option qui pourrait permettre à Assad de "survivre politiquement." "J’ai bien peur que ceci permette à Bachar al-Assad de reprendre la main alors qu’il commençait à la perdre..."
Interrogée sur le projet de résolution que la France entend présenter à l’ONU, Bassma Kodmani fustige par ailleurs les "méandres des Nations unies et des négociations de textes." "Il est indispensable de continuer à maintenir la pression pour une intervention contre le régime comme si elle allait se dérouler dans les heures qui viennent," presse-t-elle. "Il n’y a que la menace crédible qui permettra de débloquer cette situation."