Les quatre auteurs du viol d'une étudiante en décembre 2012, fait divers qui avait déclenché une vague de protestations sans précédent en Inde, ont été déclarés coupables. Le verdict sera prononcé mercredi. Ils encourent la peine de mort.
Neuf mois après le viol collectif d'une jeune indienne dans un autobus de New Delhi, la justice a reconnu mardi 10 septembre quatre accusés coupables de viol et de meurtre. Tous avaient plaidé non coupable et un seul avait affirmé qu’il se trouvait bien dans le bus la nuit du 16 décembre 2012, tout en niant son implication. Selon leur version des faits, le dossier aurait été monté de toutes pièces par la police. Le verdict sera prononcé mercredi. Les quatre hommes encourent la peine de mort.
itL'affaire, qui remonte à décembre 2012, avait provoqué l'indignation des Indiens qui étaient descendus dans la rue pour protester contre l'insécurité des femmes. Âgée de 23 ans, l'étudiante en kinésithérapie rentrait du cinéma avec son compagnon lorsque tous deux sont montés dans un autobus, qui ne transportait pas d'autres passagers. Agressée avec une barre de fer, violée et battue, elle a ensuite été jetée nue sur la route et laissée pour morte. Son ami a, lui aussi, été passé à tabac. La jeune femme, dont l’identité n’a jamais été révélée, a finalement succombé à ses blessures le 29 décembre, deux semaines après l’agression, dans un hôpital de Singapour où elle avait été transférée.
Rapidement après les faits, six hommes ont été arrêtés. Mais en mars dernier, l’un d’entre eux, le chauffeur du bus présenté comme le meneur, a été retrouvé mort dans sa cellule, un décès attribué à un suicide par les autorités pénitentiaires. Parmi les cinq accusés restants, un autre homme, âgé de 17 ans au moment des faits, a été condamné fin août à trois ans de prison, la peine maximale encourue pour les mineurs. Bien insuffisant pour l’opinion publique indienne encore secouée par l’atrocité du crime commis.
Les parents n'accepteront "rien d'autre que la peine de mort"
Le procès des quatre hommes restants a suivi une procédure accélérée et plus d'une centaine de témoins ont été auditionnés en sept mois. Le témoignage de la victime mourante sur son lit d'hôpital a également été entendu durant l'audience. De son côté, le compagnon de la victime, âgé de 28 ans, a décrit récemment, dans un entretien à l'AFP, une scène d'horreur. "Je n'aurais jamais imaginé qu'un être humain puisse maltraiter un autre être humain à ce point", a-t-il dit.
Depuis le début de cette affaire, les parents de la victime, soutenus par de nombreux Indiens, n’ont de cesse de réclamer la peine capitale pour les quatre accusés. "Nous n'accepterons rien d'autre que la peine de mort. Toute autre peine que la pendaison ne serait pas juste. Elle enverrait un mauvais message et les gens perdraient toute confiance dans notre justice", ont-ils ajouté. "Cela ramènerait la paix dans notre esprit et dans le pays", ont-ils déclaré.
Pour calmer la rue et tenter de répondre au fléau que constitue l’insécurité des femmes en Inde, le gouvernement a introduit il y a six mois des peines plus sévères pour les crimes sexuels et notamment la peine de mort pour les auteurs de plusieurs viols.
Pour les défenseurs des droits des femmes, ce viol collectif a aidé des victimes à briser le silence et a suscité un débat. Mais les violences envers les femmes occupent encore chaque jour les pages des journaux indiens.
Avec dépêches