Deux ans après la tuerie de l’extrémiste Anders Breivik, la droite norvégienne a largement remporté lundi les élections législatives. Elle devrait être appelée à faire alliance avec un parti populiste anti-immigration.
La conservatrice Erna Solberg a revendiqué une "victoire électorale historique" à l'issue des élections législatives qui se sont tenues lundi 9 septembre. L'actuelle opposition devrait obtenir une nette majorité au Parlement face à la coalition de centre gauche sortante. "Aujourd'hui, les électeurs ont donné avec leurs scrutins une victoire électorale historique aux partis ‘bourgeois’", une expression qui désigne les partis de droite et de centre droit, a déclaré la chef de file de la droite norvégienne devant ses partisans. Selon des projections officielles, l'opposition conservatrice et ses alliés potentiels contrôleront 96 des 169 sièges du Parlement.
À la tête depuis 2005 d'une coalition regroupant son parti travailliste, la Gauche socialiste et le parti centriste, le Premier ministre sortant Jens Stoltenberg a concédé sa défaite et annoncé qu'il présenterait sa démission le mois prochain pour peu qu'une nouvelle majorité parlementaire soit prête. "Conformément à la tradition parlementaire norvégienne, je présenterai la démission de mon gouvernement après la présentation du budget le 14 octobre quand il sera clair qu'il y a une base parlementaire pour un nouveau gouvernement", a-t-il dit à ses partisans.
La gauche est victime d'une usure du pouvoir même si la Norvège, riche en pétrole, affiche une prospérité économique exceptionnelle en Europe avec un chômage quasi inexistant et des niveaux de vie très élevés. Elle pâtit aussi des défaillances des autorités apparues lors des attaques de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik qui avait tué 77 personnes le 22 juillet 2011 en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis en ouvrant le feu sur un rassemblement de jeunes travaillistes sur l'île d'Utoeya.
Vers une alliance avec un parti populiste anti-immigration
Paradoxalement, la victoire de la droite devrait déboucher, pour la première fois de ses 40 ans d'histoire, sur l'arrivée au pouvoir du parti du Progrès (FrP), une formation populiste hostile à l'immigration et dont Breivik était membre jusqu'en 2006. Le FrP s'est nettement démarqué du tueur et a mis en sourdine ses propos sur les immigrés. Personne en Norvège ne l'associe aujourd'hui au carnage d'Anders Behring Breivik, thème remarquablement absent de la campagne axée sur la santé, l'éducation, la fiscalité et l'utilisation de l'immense manne pétrolière.
S'ils sont d'accord pour vouloir l'alternance, les quatre partis de droite n'ont pas encore convenu des contours d'un nouveau gouvernement ni de son programme précis, lesquels dépendront de leur poids respectif au sortir des urnes. Le scénario jugé le plus probable est un gouvernement minoritaire regroupant les conservateurs et le parti du Progrès, avec le soutien - sans participation - de deux petits partis centristes, les démocrates chrétiens et les libéraux. Les différences entre eux sont très importantes, notamment sur les questions d'immigration, d'environnement ou encore d'utilisation du fonds pétrolier, un immense fonds souverain pesant quelque 750 milliards de dollars dans lequel les populistes veulent piocher pour financer leurs promesses.
Avec dépêches