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Royaume-Uni : des députés ultra-conservateurs veulent bannir le voile intégral

À l'instar de la législation française, une proposition de loi visant à interdire la burqa dans les lieux publics est en cours de débat au Parlement britannique. Un projet de réforme porté par la frange la plus radicale du parti conservateur.

La très controversée loi française interdisant le port du voile intégral fait des émules outre-Manche. L’aile droite des conservateurs britanniques a présenté, vendredi 6 septembre, un texte en seconde lecture visant à bannir des lieux publics la burqa et tout autre forme de voile masquant le visage.

Déjà en 2010, le député conservateur Philip Hollobone avait proposé, sans succès, un texte similaire et s’était attiré les foudres de ses détracteurs notamment en déclarant qu’il refuserait toute conversation face à face avec une musulmane dont le visage serait dissimulé. "Je l’inviterais probablement à communiquer avec moi de manière différente, pourquoi pas par courrier", avait-il alors lancé.

Farouchement opposée au texte, l’association britannique National Secular Society (NSS) s’inquiète de voir bafouées ce qu’elle considère comme les libertés d’expression et de religion. "Nous rejetons toute interférence légale sur le sujet et pensons qu’interdire le voile ne peut qu’exacerber les tensions communautaires au Royaume-Uni", annoncent des responsables de l’association sur leur site Internet.

Réintroduire la peine de mort et privatiser la BBC

Mais l’interdiction du voile intégral n’est pas la seule thématique sur laquelle les conservateurs britanniques les plus à droite veulent se faire entendre. Au total, ces derniers ont fait part d’une quarantaine de propositions de lois : privatiser la BBC, réintroduire la peine de mort, faire disparaître le ministère de l’Écologie, relancer le service militaire obligatoire ou encore renommer un jour férié populaire en "Margaret Thatcher Day".

Malgré le caractère surprenant de certaines de ces propositions, les conservateurs semblent déterminés. "Il s’agit d’une tentative très sérieuse mettre en place une politique que le peuple britannique veut réellement. Il y a des idées qui pourraient former les prémices d’un futur manifeste des conservateurs", défend l’un des auteurs du texte, le député Peter Bone.

Reste que, sans majorité à Westminster, ces lois, qui doivent encore être débattues jusqu’à la fin février 2014, ont très peu de chance de passer le vote à la Chambre des communes, et donc d’entrer un jour en vigueur.

Mais le Premier ministre conservateur David Cameron se serait bien passé d’une telle publicité. Car l’écho médiatique de ces textes risque de porter un peu plus préjudice à son parti déjà en mal de soutien. "Avec ces propositions de loi, les conservateurs opposent entre elles plusieurs franges de l’électorat dont ils pourraient avec besoin s’ils souhaitent un jour retrouver une majorité absolue au Parlement", analyse le blog politique du site NewStatesman.

Au 15 août, les conservateurs étaient les plus impopulaires auprès des Britanniques (57 % de mécontents), devant les libéraux-démocrates (47 %) et les travaillistes (43 %).