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L'Armée électronique syrienne sème la discorde chez les Marines américains

L’Armée électronique syrienne a piraté lundi le site des Marines en publiant des photos de militaires opposés à une intervention en Syrie. Un "hacking" qui sème le doute sur l’authenticité d'une opération anti-guerre menée sur les réseaux sociaux.

Ils se font passer pour les "frères" des soldats américains contre le "traître" Obama. Dans un message posté sur le site internet des Marines américains, l’Armée électronique syrienne (SEA), un mouvement de pirates informatiques réputé proche du régime de Damas, a appelé, lundi 2 septembre, les soldats US à ne pas se soumettre aux ordres de la Maison Blanche et à venir combattre à leurs côtés.

"Nous comprenons votre patriotisme et l’amour pour votre pays, alors comprenez notre amour pour le nôtre, peut-on lire sur le site piraté. Obama est un traître […] L’armée syrienne devrait être votre allié et non votre ennemi […] Vous êtes les bienvenus pour venir combattre à nos côtés [...] Nous qui avons combattu Al-Qaïda ces trois dernières années".

Ce n’est pas la première fois que la SEA se livre à ce genre de piratage puisque le site du New York Times ou encore celui de FRANCE 24 avaient déjà fait les frais de ce mouvement pro-Assad.

Mais contrairement à ces "hacking" précédents, la SEA ne s’est pas fendue, dans ce cas précis, d’un simple message. Elle a également publié plusieurs photographies de soldats qui, pancartes à la main, s’opposent à une intervention armée en Syrie.

Qui se cache vraiment derrière cette photo?

Seulement voilà, l'une de ces photographies (voir ci-contre), représentant un haut-gradé, avait déjà été reprise par un groupe de militaires américains opposés à l'engagement des troupes US en Syrie. Devenue un symbole pour les partisans de la non-intervention américaine, cette photographie avait été tweetée des centaines de fois et partagée à de nombreuses reprises sur Facebook.

Or, depuis le piratage du site, son authenticité a été mise en cause par les médias britanniques et américains.

Si l'Armée électronique syrienne a été capable de forcer des sites internet réputés inviolables, elle pourrait tout aussi bien se fournir en uniformes militaires et faire passer ses membres pour des soldats. Cette hypothèse a d’ores et déjà été reprise par le site britannique du Dailymail qui n’a pas hésité, lundi, à crier au "faux", en présentant cette photographie comme l’œuvre des pirates syriens.

Le site d'information américain Business Insider avait lui aussi cherché, dans la foulée du piratage, à savoir quelle était la véritable identité de ce nouveau symbole anti-intervention en Syrie. "Les médailles de son uniforme laissent penser que c’est un vétéran de la première guerre du Golfe. Si cela est vrai, il serait assez vieux, le conflit s’étant terminé il y a 22 ans", peut-on lire sur le site. "Autre possibilité : ce n’est pas un membre des Marines, mais un homme déguisé comme tel."

"Soldat, vous avez juré d'obéir aux ordres du président"

Quoi qu’il en soit, ces photographies, authentiques ou non, font déjà le jeu du SEA en semant la discorde au sein de la Marine américaine où des voix dissonantes accusent ces "mutins" de félonie. "Une chose devrait être tout à fait clair, c'est que vous [soldats] avez juré d'obéir aux ordres du président et des dirigeants armés selon le Code militaire", peut-on lire sur le blog tenu par des militaires "This ain’t hell but you can see from here" ( "C'est pas encore l'enfer mais on s'en rapproche")

D’autres, au contraire, soutiennent l’initiative de ces soldats anonymes. C’est le cas du célèbre vétéran Brian Kolfage, devenu une figure du patriotisme américain après avoir servi en 2004 en Irak où il a perdu ses deux jambes. Sur sa page Facebook, il n’hésite pas à justifier la "rébellion" de ces fantassins. "Personne ne dit qu’ils ne suivront pas les ordres, je dis juste qu’ils ne sont pas d’accord avec les ordres […] Al-Qaïda tue nos soldats [américains] tous les jours en Afghanistan […] Mourir au front pour les États-Unis, c’est patriotique, mourir pour Al-Qaïda,… Et bien, c’est écoeurant."