Deux Français ont été enlevés par des manifestants, dimanche, à Niamey, avant d’être libérés. Les ravisseurs protestent contre les mesures de sécurité drastiques mises en place dans la capitale du Niger.
Un couple de ressortissants français a été enlevé brièvement dimanche 1er septembre à Niamey, capitale du Niger, lors de manifestations spontanées organisées contre l’important dispositif de sécurité qui entrave la circulation dans le quartier des ambassades, dans l'ouest de la ville. Les deux ressortissants ont été caillassés et légèrement blessés puis kidnappés avant de recouvrir la liberté – l’un étant parvenu à s’échapper, l’autre ayant été libéré, selon des informations recueillies par RFI.
Selon le gouverneur de Niamey, Hamidou Garba, cité par RFI, le deuxième Français retenu par les manifestants a été libéré vers 2 h du matin (heure locale) et a été immédiatement transporté à l’hôpital de Magori, où était déjà soigné son compatriote ayant réussi à s'échapper quelques heures plus tôt. Ils ne souffriraient que de blessures légères.
"Cet après-midi, des manifestants ont enlevé un couple de Français et ont incendié leur moto", avait auparavant déclaré le gouverneur de Niamey. "C'est une manifestation anarchique qui a conduit à l'enlèvement des deux Français", a-t-il estimé.
Monnaie d’échange
Un habitant du quartier de Goudel, d’où proviennent la plupart des manifestants, avait par ailleurs confirmé cet enlèvement. "Les deux Français sont toujours avec nous et nous conditionnons leur libération à la libération de nos camarades arrêtés par les forces de l'ordre", a-t-il déclaré à l'AFP. Une télévision privée a diffusé des images d'un des deux otages retenus dans un lieu gardé secret, qui assure être "bien portant".
Dimanche, des affrontements ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre, faisant 37 blessés, dont 26 agents et 11 manifestants, selon le gouverneur. Seize manifestants ont été interpellés à la suite de ces heurts.
"Obligés de faire de longs détours" pour accéder au centre-ville
Dans la ligne de mire des protestataires : les impressionnants dispositifs de sécurité mis en place après les attentats terroristes perpétrés fin mai dans le nord du pays et contre la prison de Niamey début juin.
Des mesures de sécurité qui exaspèrent les habitants de la capitale depuis des mois. "Nous sommes très en colère, ces barrières nous empêchent de nous rendre au centre-ville par la voie naturelle. Nos ambulances et corbillards sont obligés de faire de longs détours", a ainsi expliqué un habitant à l'AFP.
Les protestataires dénoncent également les coûts des transports qui ont "doublé" ainsi que les "tracasseries et contrôles sécuritaires humiliants".
Le 23 mai, une caserne militaire à Agadez et le site d'uranium de la Société des mines de l'air (Somair) à Arlit, dans le nord du pays, ont été les cibles d'attaques-suicides, faisant 26 morts, principalement des militaires. Le 1er juin, l'attaque d'une prison à Niamey avait permis à neuf activistes de s'évader.
Avec dépêches