Deux procédures pénales ont été ouvertes suite à l'introduction samedi de militants anti-corrida dans l'arène de Rion-des-Landes pour réclamer l’interdiction de la tauromachie en France. Huit d’entre eux ont été blessés, dont un grièvement.
Après les violences survenues entre opposants et pro-corrida lors de l’invasion d’une arène à Rion-des-Landes samedi, les auditions se poursuivaient lundi 26 août, dans le cadre de deux procédures pénales ouvertes par le parquet de Dax. Au cours d'affrontements entre gendarmes et détracteurs de la corrida, huit personnes ont été blessées, dont une grièvement.
Des violences qui témoignent de la détermination des anti-corrida à faire interdire cette pratique prisée en Espagne et dans le sud de la France, près d’un an après que les Sages du Conseil constitutionnel ont jugé la mise à mort publique des taureaux légale. Samedi 24 août, les anti ont ainsi mené des actions concomitantes dans les Landes, où avaient lieu d’une part une corrida qu’ils jugeaient illégale à Mimizan, et d’autre part une novillada (corrida avec de jeunes taureaux) à Rion-des-Landes.
Menée conjointement par les associations Animaux en péril, le Comité radicalement anti-corrida (Crac) ainsi que la Fondation Brigitte Bardot, cette dernière manifestation n’était pas autorisée. Une centaine de manifestants sont descendus dans les arènes de Rion-des-Landes en formant une chaîne humaine tandis que d'autres allumaient des fumigènes. Renvoyés à l'extérieur de l'enceinte par les gendarmes, ils se sont ensuite lancés sur le camion qui contenait les jeunes taureaux avant d'être de nouveau repoussés par les forces de l'ordre. Au cours de cette dernière altercation, un manifestant âgé d'une soixantaine d'années est tombé du camion et a été transporté en hélicoptère au CHU de Bordeaux. Admis pour un traumatisme crânien, il est sorti du coma dimanche soir.
Pareil que des hooligans dans un stade de foot
"Toutes les blessures sont dues aux membres des forces de l'ordre, il n'y a eu aucun contact avec les aficionados", a assuré à l'AFP Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, qui s'est dit "éberlué par cette violence". Selon lui, le manifestant gravement blessé "a été projeté par les gendarmes". Brigitte Bardot s’est quant à elle réservée "le droit de porter plainte".
Du côté des forces de l’ordre, cependant, le son de cloche est tout autre. "Nous sommes quasiment certains que ce n'est pas un gendarme qui a projeté cette personne", a déclaré le colonel Spinetta, chef du groupement des Landes, ajoutant que "de mémoire de Landais, on n'avait jamais vu quelque chose comme ça par ici".
Les aficionados ont quant à eux dénoncé la virulence des manifestants, annonçant leur intention de porter plainte. "Ce sont des casseurs, pas des militants animalistes", a affirmé le président de l'Observatoire national des cultures taurines, André Viard, contacté par l'AFP. L'homme accuse les manifestants de liens avec l'extrême droite ou les milieux sectaires. "On espère obtenir du gouvernement le même régime que pour les hooligans dans le football qui doivent être tenus loin des stades lors des matchs", a-t-il poursuivi.
Illégalité des corridas à Mimizan
À Mimizan, la manifestation anti-corrida s'est elle limitée à un défilé aux abords des arènes et à des insultes entre militants et aficionados. À l’origine de la mobilisation, le président de l’association Animavie, Christophe Leprêtre, qui pointe l’incohérence d’une telle pratique dans cette ville landaise où la corrida a été introduite en 2011. L'article 521-1 du Code pénal, qui réprime les sévices sur animaux, prévoit deux exceptions, les corridas et les combats de coqs. En ce qui concerne les corridas, elles doivent être uniquement pratiquées dans des endroits où "une tradition locale ininterrompue peut être invoquée". Une condition qui ne s'applique pas à la commune de Mimizan selon les détracteurs.
Pour mener à bien son action de samedi, Christophe Leprêtre a du interrompre la grève de la faim qu’il avait entamée le 31 juillet dernier pour sensibiliser le gouvernement à sa lutte. En août, il était allé implorer, en vain, le soutien de François Hollande devant les portes de l'Élysée.
Avec dépêches