Médaillée de bronze aux JO de Londres, Priscilla Gneto est entrée dans la cour des grands. Malgré une récente blessure au genou, la judoka française compte désormais monter sur la plus haute marche du podium aux Mondiaux de Rio, qui débutent lundi.
Du haut de son 1m63 pour 52 kg, Priscilla Gneto n’impressionne pas par son gabarit. Avec son grand sourire aux lèvres, sa coupe de cheveux impeccablement ajustée et ses ongles vernis, la sportive de 22 ans inspire plus la sympathie que la crainte. Les apparences sont pourtant trompeuses. Médaillée de bronze lors des Jeux olympiques de Londres l’été dernier, la judoka a prouvé qu’elle était une redoutable combattante.
"Mes adversaires ont envie de me couper la tête maintenant !", lance-t-elle dans un grand éclat de rire. Derrière cette attitude espiègle, la sportive cache un tempérament de feu et une volonté de fer. Depuis plus d’une heure, Priscilla Gneto enchaîne les exercices de rééducation dans le dojo de l’Insep (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance), où l’équipe de France de judo s'est réunie à quelques jours du début des Mondiaux à Rio (du 26 août au 1er septembre).
Victime, début août, d’une rupture d’un ligament croisé au genou droit, elle ne ménage pas sa peine pour arriver en forme au Brésil. "J’ai une petite douleur, mais dans ma tête je suis à 100%. Mon genou tient, c’est l’essentiel. Il faudra que je me fasse opérer après, mais là ça va", confie-t-elle après une longue séance de vélo.
Décrocher une première médaille mondiale
Priscilla Gneto sait qu’elle va devoir serrer les dents sur les tatamis, à Rio, pour atteindre son objectif. Un an après avoir goûté à un premier grand podium, la jeune judoka veut réitérer son exploit : "Je veux cette médaille mondiale que je n’ai pas encore !". Même si elle est déterminée, les derniers mois ont pourtant été compliqués pour la révélation de Londres. L’euphorie olympique a laissé place à plusieurs mois d’inactivité à la suite d'une opération de l’épaule. La licenciée du Levallois Sporting Club (où s’entraîne également le champion olympique Teddy Riner) en banlieue parisienne, n’a repris la compétition qu’au mois de mars.
Une pause qui s’est finalement révélée bénéfique pour elle : "J’avais besoin de souffler. Les deux dernières années avant les Jeux ont été très fatigantes à cause des qualifications. J’ai appréhendé mon absence comme une période de repos pour pouvoir revenir au plus haut niveau. Quand j'ai recommencé l'entraînement, j’étais plus motivée qu’avant les JO !".
Pour la soutenir en ce début de carrière internationale, Priscilla Gneto peut compter sur la bonne ambiance qui règne en équipe de France et sur les conseils des plus anciennes, comme Lucie Décosse ou Gévrise Emane, déjà championnes du monde : "On a vraiment un super groupe. Il n’y a pas de rupture entre les générations. Quand on a besoin, on peut leur poser des questions. Nous on leur apporte notre joie et nos coups de folie!"
Ce grand espoir du judo tricolore peut aussi s’appuyer sur ses proches. Née à Abidjan en Côte d’Ivoire, d’un père défenseur de l’équipe de football des Eléphants dans les années 90 et d’une mère joueuse internationale de handball, elle fait partie d’une grande fratrie de sportifs. Même si ses parents, qui vivent depuis plusieurs années en Corse, sont à des centaines de kilomètres, elle essaye de les voir le plus souvent possible. "J’y vais pour prendre des ondes positives et de la motivation. C’est un petit rituel", explique la jeune judoka qui revient de quelques jours de vacances sur l’île de Beauté.
De cette famille d’athlètes, Priscilla Gneto a hérité d’un mental d’acier. Une qualité qui, d'après elle, fait toute la différence sur le tatami. "Quand j’ai envie de quelque chose, je ne lâche rien", affirme-t-elle. "Je suis très imprévisible et j’ai une faculté à changer de direction. J’ai également plusieurs attaques. Je peux aussi avoir un coup de mou pendant le combat et revenir très fort !".
Une explosivité qui sera soumise à rude épreuve au Brésil. À trois ans des prochains Jeux Olympiques qui se dérouleront également à Rio, les meilleures du monde ont déjà à cœur de marquer leur territoire. Malgré cet enjeu, Priscilla Gneto préfère pour l’instant aborder les choses par étapes : "Je ne pense pas encore à Rio. Ce sont avant tout les championnats du monde. Je vais un peu repérer pour 2016, mais j’y vais surtout pour gagner une médaille!"