logo

Le Pakistan a reconnu l'existence d'un accord avec Washington, au sujet des tirs réguliers de missiles américains visant Al-Qaïda dans le nord-ouest du pays. Le gouvernement pakistanais continue toutefois de s'y opposer sur le principe.

AFP - Islamabad a admis mardi qu'il existait de facto un certain modus vivendi avec Washington au sujet des tirs réguliers de missiles américains visant Al-Qaïda dans le nord-ouest du Pakistan, le gouvernement pakistanais continuant toutefois de s'y opposer sur le principe.

Les frappes américaines ciblées visant le réseau d'Oussama Ben Laden dans les zones tribales pakistanaises où se cachent ses cadres et combattants ont toujours existé depuis qu'Islamabad s'est allié fin 2001 aux Etats-Unis dans leur "guerre contre le terrorisme".

Mais elles sont devenues très fréquentes ces derniers mois et Islamabad, depuis un an, proteste publiquement sans toutefois aller au-delà, après les avoir tout simplement niées pendant des années.

Depuis août 2008, au moins 37 missiles ou salves de missiles tirés par des drones américains ont tué plus de 360 personnes dans le nord-ouest, essentiellement des combattants islamistes selon le Pakistan, qui déplore toutefois que ces frappes n'épargnent pas, parfois, les civils.

"Il y a une divergence de vues" sur ces attaques, a expliqué à la presse mardi le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi, qui venait de s'entretenir avec Richard Holbrooke, l'envoyé spécial du président américain Barack Obama et le chef d'état-major de l'armée américaine, l'amiral Mike Mullen, en visite à Islamabad.

"Nous sommes d'accord sur le fait que nous avons un désaccord" au sujet des missiles, a reconnu M. Qureshi tout en louant les liens entre les deux pays.

"Mon point de vue, c'est que ces frappes jouent en faveur des extrémistes et nous sommes en désaccord sur ce point", a-t-il plaidé.

L'antiaméricanisme a fortement progressé ces dernières années dans la République Islamique du Pakistan, seule puissance nucléaire militaire du monde musulman, une large partie de la population accusant les Etats-Unis d'avoir "exporté" dans son pays la guerre contre les talibans afghans et Al-Qaïda.

La population pakistanaise, tout comme ses forces de sécurité qui combattent talibans et Al-Qaïda dans le nord-ouest, ont payé un lourd tribut à leur ralliement à la "guerre contre le terrorisme": plus de 1.700 personnes ont été tuées dans une vague sans précédent d'attentats --attentats-suicides pour la plupart-- en un an et demi, depuis que Ben Laden en personne, au diapason des talibans pakistanais, a déclaré à l'été 2007 le "jihad", la guerre sainte, à Islamabad.

Les talibans pakistanais affirment depuis un certain temps que leurs attentats suicide visent à venger les personnes tuées par les missiles américains.

Le président pakistanais Asif Ali Zardari a déclaré mardi, en marge de ses entretiens avec MM. Holbrooke et Mullen, que le Pakistan menait une véritable guerre contre les islamistes pour sa "survie". Plus de 1.500 soldats ont été tués depuis 2002 dans les zones tribales pakistanaises, bastion d'Al-Qaïda et base arrière des talibans afghans.

M. Qureshi a promis que le sujet des missiles, ainsi que d'autres qui divisent les deux pays alliés, seraient de nouveau évoqués les 6 et 7 mai lors d'un sommet trilatéral Afghanistan-Pakistan-Etats-Unis à Washington, qui sera consacré à la nouvelle stratégie définie par M. Obama dans la guerre contre les talibans et Al-Qaïda.