La chancelière allemande Angela Merkel a fait mardi une visite historique au camp de concentration de Dachau. Ce déplacement, effectué en pleine campagne pour sa réélection, a valu à la conservatrice de nombreuses critiques.
La visite est historique. La chancelière allemande Angela Merkel s'est rendue mardi 20 août au camp de concentration de Dachau, près de Munich, pour rendre hommage aux 41 000 personnes qui y ont été tuées par le régime nazi. Aucun de ses prédécesseurs n'avait effectué une telle visite dans le passé.
Longtemps, les responsables politiques allemands ont évité Dachau, la ville refusant d'être systématiquement assimilée à la terreur nazie. Un président fédéral s'y est toutefois rendu en 2010.
"Le souvenir des destins (fracassés des détenus) me remplit d'une tristesse et d'une honte profondes", a souligné, à cette occasion, la chancelière allemande au cours d'une brève allocution, accompagnée par le président du Comité des anciens prisonniers de Dachau, Max Mannheimer, 93 ans, et par d'autres survivants.
"Tente à bières"
"Chaque détenu du camp de Dachau ou d'autres camps de concentration avait évidemment une histoire personnelle qui a été interrompue ou même anéantie", a encore fait valoir la chef de l’État, qui a également déposé une gerbe de fleurs avant de s'entretenir avec des survivants au cours de cette visite d'une heure.
Mais ce déplacement n’a pas été du goût de tous. En pleine campagne électorale pour les législatives du 22 septembre, la chancelière a poursuivi sa journée dans la même ville par un meeting électoral sous une "tente à bières".
Les Verts allemands et certains médias avaient ainsi jugé maladroite la concomitance de ces deux événements dans une même journée. La présidente du groupe des Verts au Bundestag, Renate Künast, a jugé ce rapprochement des agendas "de mauvais goût" et déclaré qu'une telle visite ne devait pas avoir lieu pendant une campagne électorale.
"Au bon endroit au mauvais moment"
Le grand quotidien de Munich de centre gauche, "Süddeutsche Zeitung", critiquait une visite "en marge d'un rassemblement électoral, pendant une fête populaire, dans une tente où l'on boit de la bière" tandis que l'édition en ligne du magazine "Der Spiegel" titrait : "au bon endroit au mauvais moment".
Le dirigeant du conseil central des Juifs d'Allemagne, Dieter Graumann, a au contraire salué cette visite affirmant que la chancelière envoyait "le signe que l'horreur s'est aussi produite ici parmi nous en Allemagne".
Un ancien résistant français, rescapé du camp, Jean Samuel, a également salué le geste historique de Mme Merkel : "Je sais qu'il y a des élections en Allemagne [...] mais je sais quand même que c'est la première fois qu'un responsable de gouvernement vient ici. Je dis quand même bravo", a-t-il confié sur place.
Avec dépêches