Deux jours après leur disqualification sur le relais 4x100 mètres, les relayeuses françaises dénoncent le comportement de la Fédération internationale d'athlétisme. La sprinteuse Stella Akakpo refuse de rendre sa médaille d'argent.
En participant à ses premiers championnats du monde, Stella Akakpo pensait revenir de Moscou avec de beaux souvenirs. Mais c’est une sportive terriblement déçue qui est arrivée lundi 19 août à Paris. En quelques heures, la sprinteuse française a connu toutes les émotions, de la joie la plus intense à la plus cruelle des déceptions.
À 19 ans, l’athlète a cru vivre le 18 août un véritable conte de fée en finale du 4x100 mètres. Dernière relayeuse de l’équipe de France, la jeune sprinteuse crée la sensation sur la dernière ligne droite en arrivant deuxième derrière les Jamaïcaines. Avec ses coéquipières Céline Distel-Bonnet, Ayodele Ikuesan et Myriam Soumaré, elle fête alors ce titre de vice-championne du monde. Podium, séance photos, interviews... Les quatre Françaises ont le droit à tous les honneurs deux heures durant.
Prévenues par un tweet
Mais en arrivant à leur hôtel, le rêve s’effondre. Les relayeuses découvrent qu’elles sont finalement disqualifiées en raison d’un passage de relais hors-zone entre Ayodele Ikuesan et Myriam Soumaré. "On allait se préparer pour fêter notre médaille au Club France. On a décidé de regarder nos messages sur Internet venant de nos proches et de nos familles et c’est là qu’on l’a appris par un tweet de l’IAAF [la Fédération internationale d’athlétisme, NDLR]. Personne ne nous a prévenues. C’était vraiment très dur", raconte Stella Akakpo à FRANCE 24.
Sur la ligne d’arrivée, les Françaises avaient pourtant bien senti que leur deuxième passage de relais était limite : "Au début, c’est vrai, on n’a pas sauté de joie. Mais les juges ont validé la course à plusieurs reprises. À partir du moment où on a eu les médailles, on pensait que plus personne ne pouvait nous les retirer". Consciente de leur faute technique, les relayeuses ne contestent pas leur relais hors-zone mais sont très en colère contre le comportement de la Fédération internationale. "Si on avait été un autre pays, on aurait aussi porté réclamation [la Grande-Bretagne a récupéré la médaille de bronze après avoir fait appel devant les juges, NDLR]. Mais après il y a une façon de faire. Donner des médailles et les reprendre, c’est inhumain et antisportif. C’est très dur à accepter", affirme la benjamine de l’équipe de France, toujours très émue.
"Une belle et jeune équipe"
Malgré cette décision officielle et irrévocable de l’IAAF, les sprinteuses tricolores sont finalement rentrées chez elles avec leurs médailles d’argent dans leurs bagages. Aucun officiel n’est venu jusqu’à présent les réclamer et elles n’ont pas l'intention de les renvoyer. "C’est la mienne, je la garde. Elle restera chez moi. Elle est gravée à mon nom, je ne vois pas la nécessité de la récupérer. Vu comment ils nous ont disqualifiées, ils pourraient au moins avoir la gentillesse de nous la laisser. C’est notre seul souvenir", explique Stella Akakpo.
La jeune femme ne cache pas sa colère mais elle avoue avoir aussi tiré des enseignements de cette première grande compétition internationale. Promis à un bel avenir, la championne d’Europe junior sur 100 mètres a goûté l’espace de quelques heures au grand frisson d’un podium mondial. En individuel ou en relais, elle compte bien récidiver : "Il faut prendre le côté positif. On a une belle et jeune équipe. Tous les autres pays savent que les Françaises sont là désormais".