En pleine polémique sur la loi anti-gay votée par le Parlement russe, la star de la perche, Yelena Isinbayeva, s'est attirée les foudres des défenseurs des droits des homosexuels en soutenant cette législation et en condamnant l'homosexualité.
Après avoir été félicitée pour son troisième sacre mondial remporté mardi 13 août à Moscou, la perchiste russe Yelena Isinbayeva est désormais sous le feu des critiques. Alors que de nombreuses voix se sont élevées pour condamner la récente loi homophobe définitivement adoptée par le Parlement russe le 11 juin, l’athlète a déclaré soutenir cette nouvelle législation.
Interrogée sur les menaces de boycott des Jeux olympiques de Sotchi organisés en février 2014, la "tsarine", détentrice de 28 records du monde et de deux titres olympiques (2004 et 2008), a expliqué qu’elle ne comprenait pas cette polémique : "Si vous permettez de militer et de faire toutes ces choses dans la rue, c'est inquiétant pour notre pays, car nous nous considérons comme des gens normaux. Les hommes vivent avec les femmes, et les femmes avec les hommes".
"Cela vient de notre histoire. Nous n’avons jamais eu ce genre de problèmes en Russie et nous n’en voulons pas dans le futur", a ajouté la championne russe qui a été nommée maire en décembre dernier de l'un des deux villages olympiques de Sotchi.
Cette déclaration a choqué d’autres sportifs présents lors des Championnats du monde. L’Américain Nick Symmonds, médaillé d’argent mardi 13 août sur le 800 m, a notamment vivement réagi. "Oh mon dieu, je ne peux pas croire qu’elle ait pu dire ça. C’est vraiment mauvais", a-t-il déclaré à l’agence Associated Press. "Je voudrais dire à Yelena qu’il y a de nombreux citoyens ici qui sont homosexuels et ils sont aussi normaux. Ils ont été créés de cette façon", a ajouté le coureur qui a tenu à dédié sa médaille à ses amis homosexuels.
D’autres athlètes ont aussi manifesté leur désapprobation de la politique russe durant la compétition internationale. Deux représentantes de la délégation suédoise, la spécialiste de saut en hauteur Emma Green Tregaro et la sprinteuse Moa Hejlmer, ont notamment participé aux épreuves jeudi avec des ongles peints aux couleurs du drapeau arc-en-ciel de la communauté homosexuelle.
"En arrivant à l'hôtel à Moscou, j'ai tiré les rideaux de ma chambre et j'ai vu un arc-en-ciel. Ironique, non ?", a ainsi expliqué Emma Green Tregaro à l'agence de presse suédoise TT. "Et puis, un de mes amis m’a suggéré de me faire les ongles aux couleurs de l’arc-en-ciel et je me suis dit qu’une toute petite chose pouvait peut-être faire réflechir".
Cette prise de position n’est pourtant pas sans risque. Selon la nouvelle loi russe, les étrangers qui font la "promotion de l’homosexualité" auprès de mineurs s’exposent à une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 roubles (environ 2 300 euros), et pourront en outre être détenus 15 jours avant d'être expulsés.