Les Maliens ont voté dimanche au second tour de la présidentielle pour départager Ibrahim Boubacar Keïta de son rival Soumaïla Cissé. Le scrutin s'est déroulé dans le calme avec une participation plus faible qu'au premier tour.
Au Mali, le second tour de l'élection présidentielle qui doit départager Ibrahim Boubacar Keïta de Soumaïla Cissé s’est déroulé dimanche 11 août sans heurt. Les deux candidats, qui ont appelé au "calme et à la sérénité" après avoir voté dans la capitale, ont été, semble-t-il, entendus.
itSelon des témoins interrogés par l'AFP à Bamako et dans les grandes villes et régions administratives du nord du pays - à Gao, Tombouctou et Kidal -, le vote s'est déroulé sans incidents en dépit de la crainte d'attentats des groupes djihadistes qui ont occupé et terrorisé ces régions pendant neuf mois en 2012.
Le scrutin a été surveillé par plusieurs centaines d'observateurs nationaux et internationaux et sa sécurité assurée par l'armée malienne, les Casques bleus de la Minusma et l'armée française.
Louis Michel, qui dirige la mission d'observation de l'Union européenne, est venu en personne vérifier la fermeture des urnes. "Partout dans tous les bureaux que j'ai visité
, ça m'a été rapporté par les autres observateurs de l'équipe de l'UE et aussi par les observateurs des autres missions d'observation, globalement, il n'y a absolument rien de douteux ou de suspect à signaler", souligne l’observateur à FRANCE 24.
Une participation plus faible
Si le scrutin s’est déroulé sans problème, la participation a été plus faible qu’au premier tour. Certains chefs de bureaux de vote à Bamako ont affirmé que la participation n'atteignait pas la moitié de celle atteinte au premier tour, lors duquel le taux d'affluence avait été exceptionnel pour le Mali avec 48,98%.
Un réseau de quelque 2 000 observateurs maliens indépendants s'est réjoui dans un communiqué du bon déroulement du scrutin, notant cependant que moins de bureaux avaient pu ouvrir à temps en raison des fortes pluies dans les régions de Bamako, Koulikoro et Kayes (sud).
Les fortes pluies du matin peuvent expliquer en partie la faible participation mais pas seulement. "Ce n'est pas à cause de la pluie seulement", explique ainsi Ibrahim Tounkara, un restaurateur. Selon lui, "les Maliens ont compris que le jeu est déjà fait et qu'IBK va gagner, que ce n'est plus la peine de sortir sous la pluie pour voter, mais ça peut être préjudiciable à la qualité de l'élection".
L’espoir d’un retour à l'ordre constitutionnel
Ibrahim Boubacar Keïta, fort de son avance de 20 points (39,79% des voix au premier tour, contre 19,70% pour Soumaïla Cissé), semble largement favori, d'autant qu'il a reçu le soutien de 22 des 25 candidats éliminés au premier tour dont la majorité a obtenu moins de 1% des suffrages.
Mais Soumaïla Cissé tablait sur une mobilisation plus forte qu'au premier tour et sur un bon nombre de près de 400 000 bulletins déclarés nuls le 28 juillet.
Le nouveau président devra redresser l'économie du pays et entamer le processus de réconciliation, en particulier avec la minorité touareg. La tâche du vainqueur sera rude, car le Mali vient de vivre la plus grave crise de son histoire récente qui a laissé exsangue ce pays de quelque 14 millions d'habitants.
itLe conflit a poussé 500 000 personnes à fuir, il a accentué la pauvreté et ravivé les haines entre les différentes communautés du pays, Touareg et Arabes d'un côté assimilés aux rebelles et aux djihadistes, Noirs majoritaires de l'autre.
Les quelques centaines de milliers de Touareg du Mali vivent essentiellement dans le nord désertique, qui a déjà connu plusieurs rébellions depuis l'indépendance du Mali en 1960 : une partie d'entre eux rêve d'indépendance ou au moins d'autonomie.
Avec dépêches