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Les Palestiniens qui fuient la Syrie ne sont plus les bienvenus au Liban

Dans un rapport, Human Rights Watch dénonce la situation de 200 réfugiés palestiniens fuyant la guerre en Syrie et à qui le Liban a refusé l’entrée sur son territoire. Jusqu'alors, le pays du Cèdre a pourtant accueilli nombre d'entre eux.

Dans un rapport rendu public jeudi 8 août, l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) affirme que des Palestiniens fuyant les violences en Syrie se sont vus refuser l’entrée au Liban, contrairement aux autres réfugiés - des Syriens - qui se trouvaient avec eux.

Ce n’est pourtant pas la première fois que des Palestiniens de Syrie cherchent à trouver refuge au Liban. En décembre 2012, le quartier de Yarmouk à Damas, où vivent quasi exclusivement des réfugiés palestiniens, est touché par les combats et les bombardements. Par dizaines de milliers, les Palestiniens gagnent alors le pays du Cèdre qui les accueille. Nombre d’entre eux ont pu trouver place dans les camps de réfugiés palestiniens déjà existants au Liban.

Interrogé par FRANCE 24, Gerry Simpson, responsable Moyen-Orient à HRW, évoque "un changement très récent de politique" de la part du Liban. "Mardi 6 août, 200 Palestiniens ont été refoulés et sont maintenant bloqués à la frontière", explique-t-il soulignant que "c’est la première fois que des réfugiés palestiniens sont refoulés aux frontières libanaises".. Il rappelle que cette situation a toutefois déjà été observée dans d’autres pays de la région, en Jordanie notamment.

HRW dénonce une "violation très claire du droit international qui garantit à toutes personnes qui fuit une zone de guerre de trouver un abri temporaire". "Refuser aux demandeurs d'asile d'entrer dans le pays est une violation des obligations internationales du Liban", explique HRW, en soulignant que "des familles entières, des enfants, des personnes âgées et des malades" sont bloqués à la frontière. Le gouvernement libanais "doit rapidement abroger sa décision", ajoute l'ONG pour qui "le Liban refuse des personnes sans tenir compte des dangers qui les menacent".

Les Palestiniens, des réfugiés au statut particulier

Interrogé par FRANCE 24 sur ce changement de politique, les autorités libanaises n’ont pas souhaité répondre. Une source au sein des services de sécurité libanais chargés de la surveillance des frontières a cependant affirmé à l’AFP que le Liban "gère la question des Palestiniens d'un point de vue humanitaire". Le pays, qui accordait jusqu'ici un visa renouvelable de 7 jours aux réfugiés palestiniens, n'a "pas reçu l'aide promise par la communauté internationale pour gérer ce flux", déplore cette source.

Le Liban, qui compte près de quatre millions d’habitants, a accueilli selon les autorités du pays plus d'un million de réfugiés syriens depuis le début de la crise. Une population qui pèse lourdement sur l’économie du pays, ce qui pourrait expliquer l’attitude de Beyrouth. "Mais pourquoi discriminer les Palestiniens par rapport aux Syriens ?, s’interroge Gerry Simpson. Ils sont menacés également."

Interrogé par FRANCE 24, Jean-François Dubost, responsables du programme des personnes déracinées à Amnesty international, explique que l’une des raisons est que les réfugiés palestiniens ont toujours "eu un statut particulier dans la région et relèvent d’une agence particulière". "Pour les pays de la région, ils représentent des réfugiés de long terme dont le Liban ne veut peut-être pas augmenter le nombre au vu du contexte actuel", observe-t-il. Il rappelle que, pour des raisons diverses, plusieurs pays de la région on déjà refusé de laisser entrer des réfugiés palestiniens "parce qu’ils représentent des menaces potentielles de troubles dans le cas de l’Égypte par exemple ou parce que leur trop grand nombre menace l’équilibre démographique du pays comme en Jordanie".