Le sénateur et ex-candidat à la présidentielle américaine, John McCain, sera au Caire mardi, à la demande de Barack Obama, pour tenter une médiation entre les nouveaux responsables politiques égyptiens et les partisans de Mohamed Morsi.
Depuis plusieurs jours, les Égyptiens assistent à un véritable ballet diplomatique. Les sénateurs américains John McCain et Lindsey Graham, dépêchés par le président Barack Obama, sont attendus mardi 6 août au Caire où ils doivent rencontrer des responsables politiques égyptiens. Le but : tenter à nouveau une médiation entre les nouvelles autorités installées par l’armée et le camp du président islamiste Mohammed Morsi, renversé le 3 juillet.
Les deux sénateurs viennent prendre le relais alors que plusieurs émissaires internationaux ont déjà commencé à faire la navette entre les deux camps. Dimanche, c’est le secrétaire d'État américain adjoint William Burns qui a plaidé auprès du commandant de l'armée Abdel Fattah al-Sissi pour que toutes les forces du pays soient associées à la feuille de route annoncée après la destitution de Mohamed Morsi. Celle-ci prévoit notamment une nouvelle Constitution et des élections générales début 2014.
"Pas en position de discuter"
Khairat al-Chater, un des plus importants financiers des Frères musulmans, sera jugé à partir du 25 août avec le Guide Mohamed Badie et son second adjoint Rachad Bayoumi pour "incitation au meurtre" de manifestants anti-Morsi lors d'une attaque de leur QG au Caire le 30 juin. Trois autres figures de la confrérie seront jugées pour "meurtre".
L'annonce dimanche de la date du procès des principaux chefs des Frères musulmans pourrait relancer leur mobilisation. Lundi, un millier d'entre eux ont manifesté devant la Haute cour de Justice au Caire.
Après plusieurs entretiens avec Al-Sissi, William Burns aurait ensuite rencontré l'adjoint du Guide suprême des Frères musulmans -- dont est issu M. Morsi--, Khairat al-Chater, actuellement incarcéré, selon l'agence officielle Mena.
Une entrevue que Gehad al-Haddad, un des porte-parole des Frères musulmans, s’est empressé de démentir via Twitter. Il affirme que Khairat al-Chater avait "refusé" cette visite, à laquelle participaient également les ministres des Affaires étrangères qatari et émirati ainsi que l'émissaire de l'Union européenne Bernardino Leon qui a, de son côté, également rencontré le Premier ministre égyptien Hazem Beblawi.
Khairat al-Chater aurait affirmé qu'il n'était "pas en position de discuter" et conseillé à la délégation de "parler à Mohamed Morsi". Le président déchu est détenu au secret par l'armée depuis sa destitution il y a plus d'un mois.
Peur du massacre
Mais le temps presse et l’agitation diplomatique en Égypte semble traduire l’inquiétude de la communauté internationale. Nouveau pouvoir et partisans de Mohamed Morsi campent fermement sur leurs positions laissant craindre que toute dispersion par la force des sit-in pro-Morsi ne tourne au massacre.
Les nouvelles autorités, elles, alternent entre déclarations tonitruantes et appel au calme. Dimanche, le général Al-Sissi a assuré à des dirigeants islamistes qu'il y avait "encore des chances pour une solution pacifique", alors que le gouvernement intérimaire a multiplié les avertissements aux manifestants pro-Morsi qui campent sur deux places du Caire depuis plus d'un mois, les menaçant de les disperser par la force s'ils ne partaient pas "rapidement".
De leur côté, les islamistes appellent quasi-quotidiennement les pro-Morsi à de nouvelles mobilisations, incitant à marcher "par millions" sur les sites militaires ou de sécurité, des appels qui sont toutefois de moins en moins suivis.
Les heurts en marge des mobilisations rivales pro et anti-Morsi ont déjà fait plus de 250 morts depuis la fin juin.
Avec dépêches