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Manifestation massive à Tunis à l'appel des islamistes d'Ennahda

Des milliers de personnes ont manifesté à Tunis dans la nuit de samedi à dimanche à l'appel des islamistes d'Ennahda, au pouvoir en Tunisie, qui appelle à défendre sa "légitimité". L'opposition promet, elle, de nouvelles manifestations ce dimanche.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi soir pour soutenir le gouvernement islamiste modéré en Tunisie lors de l'une des plus importantes mobilisations de rue depuis la révolution de 2011. Les militants d'Ennahda, au nombre d'au moins 150 000 selon le parti, ont défilé sur la place de la Kasbah près des bâtiments du Premier ministre à Tunis en chantant "non aux coups d'État, oui aux élections".

Ennahda a appelé à la mobilisation de ses partisans afin de soutenir le gouvernement face à la contestation de l'opposition qui demande le départ des dirigeants en place. Rached Ghannouchi, chef de file du parti islamiste, s'est exprimé devant les manifestants comparant la révolution tunisienne à une bougie "qui éclaire le monde". "Aujourd'hui, (l'opposition) veut essayer de l'éteindre en organisant un coup d'État", a lancé le dirigeant. "La contre-révolution ne l'emportera pas", a-t-il promis.

Un islamiste tué et cinq autres arrêtés par la police à Tunis

Un activiste islamiste a été tué par la police tunisienne et cinq autres ont été arrêtés lors d'une opération de police à Karabia, un quartier de la capitale, a annoncé dimanche un responsable du ministère de l'Intérieur.

"La police a tué un terroriste et en a arrêté cinq autres dans une maison à Karabia où ils cachaient des armes", a déclaré à Reuters Lotfi Hidouri, un responsable du ministère de l'Intérieur.

Pour l'opposition, qui a rassemblé environ 10 000 partisans, le gouvernement "a perdu sa légitimité". Les opposants dénoncent les assassinats de deux importants leaders laïques, Mohamed Brahmi abattu devant chez lui il y a 10 jours, et Chokri Belaïd, tué il y a six mois. L'opposition a promis de nouvelles manifestations dimanche mais également mercredi marquant le sixième mois de la mort de Belaïd.

Les soutiens d'Ennahda prévoyaient "une marche d'un million" de personnes dans la soirée de samedi, tandis que l'opposition, qui manifeste presque quodiennement, a appelé à descendre dans la rue dimanche.

Appel au calme

Plus tôt dans la soirée, le Premier ministre Ali Larayedh a appelé au calme alors que partisans et adversaires de son gouvernement avaient prévu d'organiser d'importantes
manifestations. "La Tunisie a besoin d'unité nationale (...) J'appelle au calme afin que l'armée et les forces de sécurité puissent combattre le terrorisme et ne dispersent pas leurs efforts", a déclaré le chef du gouvernement lors d'une conférence de presse.

Les principaux groupes d'opposition ont refusé de participer samedi à des pourparlers pour sortir de la crise politique dans laquelle a replongé le pays depuis le deuxième assassinat en six mois d'un opposant laïc de premier plan fin juillet.

Le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé samedi que les forces de sécurité ont déjoué vendredi une tentative d'assassinat visant un important représentant politique dans la ville de Sousse. Le ministère a ajouté que deux "dangereux terroristes" avaient été interpellés pour leur implication présumée dans cette attaque. Un troisième suspect est toujours en fuite après avoir échangé des coups de feu avec les forces de l'ordre.

Vendredi, les forces de l'ordre ont lancé une opération aéro-terrestre de grande envergure dans le djebel Châambi, dans l'ouest du pays frontalier de l'Algérie, pour débusquer des maquisards djihadistes qui s'y cachent et qui ont tué en début de semaine huit militaires dans une embuscade.

Avec dépêches