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"Cocottes-minute" + "sac à dos" : la recherche Google qui met la police américaine en alerte

La police a rendu visite à une famille américaine pour savoir s’ils n’étaient pas des terroristes. En cause ? De recherches sur Internet portant sur des cocottes-minute et des sacs à dos...

"À 9 heures du matin, six personnes ont frappé à notre porte pour savoir si mon mari était un terroriste”. Après une pluie de questions, les représentants de police du comté de Suffolk et de celui de Nassau, dans l’État de New York, ont conclu qu’il n’en était rien. Mais le récit qu'a fait de cet interrogatoire intempestif, jeudi 1er août sur Internet, l'écrivaine Michele Catalino, l'épouse de l’homme questionné, illustre la tension sécuritaire qui plane actuellement sur les États-Unis, pays dont l'Agence nationale de sécurité (NSA) est actuellement accusée de cyber-espionnage à grande échelle.

C’est donc une histoire de recherches "suspectes" effectuées sur Google qui est à l'origine de la méprise. Sur son blog, Michele Catalino affirme que ce sont les requêtes sur Google de son mari pour en savoir plus sur des cocottes-minute, ajoutée aux siennes sur les différents modèles de sacs à dos, qui auraient mis les grandes oreilles de la police en état d’alerte.

“Peut-être qu’à une autre époque, ces deux recherches n’auraient éveillé aucun soupçon, mais nous vivons une époque bien particulière”, écrit Michele Catalino. Actuellement, le mélange sac à dos et cocotte-minute fait immédiatement penser aux bombes utilisées lors des attentats du marathon de Boston, le 15 avril. Un parallèle renforcé, d’après l’écrivaine, par l’intérêt de son ado de fils pour les articles relatifs aux frères Tsarnaev, soupçonnés d’être les auteurs des attaques.

Les policiers, venus s’assurer que la famille Catalino n'est pas un foyer de terroristes en puissance, ont d’ailleurs posé des questions sur les cocottes-minute. Ils ont demandé au mari s’il en possédait une et lorsqu’il lui a répondu qu’il n’avait qu’un cuiseur à riz, “ils ont voulu savoir s’il savait faire une bombe avec”, raconte Michele Catalino. “Mon mari a rétorqué que non, que je m’en servais pour cuire du quinoa. Ils ont alors demandé ce que c’était que ça”, rajoute-t-elle.

Pas de “Big brother à l’œuvre”

Google a-t-il alerté les autorités sur les “étranges recherches” de la famille ou la NSA à travers l’un de ses nombreux programmes de surveillance du Net a-t-elle sonné l’alarme ? C’est ce qu’avait craint Michele Catalino. Mais ces affirmations ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux où de nombreux internautes assuraient qu’il pouvait y avoir des explications bien plus prosaïques à cette visite des autorités.

La police locale et le FBI sont finalement intervenus, vendredi 2 août, pour donner raison aux sceptiques. Il n’y a pas eu de “Big brother” à l’œuvre cette fois-ci, seulement un ex-employeur qui surveillait les cyber-habitudes de son salarié. “Les détectives de la police de Suffolk ont été alertés par une société d’informatique sur des recherches suspectes effectuées sur Internet par un employé récemment remercié”, écrit la police de Suffolk dans un communiqué. Le mari de Michele Catalino a, d’après cet ancien employeur, fait des recherches depuis son poste sur “les bombes faites à partir de cocottes-minute” et les sacs à dos.

Dans un nouveau billet de blog publié après la mise au point des autorités, Michele Catalino précise qu’ils “avaient été menés à croire que les soupçons provenaient de recherches faites depuis des ordinateurs personnels”. Certains seront, du coup, rassurés que la NSA ne s’intéresse pas à l’historique des recherches de chaque famille américaine, tandis que d’autres se désoleront d’apprendre que des employeurs surveillent ce que leurs salariés font sur le Net.