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Zimbabwe : Mugabe revendique la victoire, Tsvangirai parle de "farce"

Alors que le dépouillement des bulletins de vote se poursuit ce jeudi, le parti du président Robert Mugabe revendique déjà une large victoire aux élections générales. L'opposant Morgan Tsvangirai dénonce, lui, une "énorme farce".

La confusion règne au Zimbabwe au lendemain des élections générales. D’un côté, le parti de l’actuel président Robert Mugabe revendique la victoire. "Nous avons gagné dans un fauteuil", a clamé jeudi 1er août un haut responsable du parti de Mugabe, la Zanu-PF. "Nous avons vaincu le MDC", le parti du Premier ministre Morgan Tsvangirai, a-t-il poursuivi.

"Nous avons gagné" et cette victoire "concerne tout, les élections présidentielle, législatives et municipales", a-t-il précisé. Le haut responsable du mouvement a ajouté que le parti avait remporté de nombreux sièges aux législatives dans les villes, traditionnellement acquises au camp Tsvangirai.

De son côté, son rival, le Premier ministre Morgan Tsvangirai, qui tente de déboulonner l'inusable Robert Mugabe, âgé de 89 ans et au pouvoir depuis 33 ans, a qualifié l'élection d’"énorme farce". "À notre avis, cette élection est nulle et non avenue", a-t-il relevé lors d'une conférence de presse. Alors que la police anti-émeute a pris position depuis ce jeudi matin à proximité du siège de son parti, Morgan Tsvangirai dénonce des fraudes, notamment dans la composition des listes électorales, publiées à moins de 24 heures du vote. "Le parti d'opposition a annoncé de nombreuses anomalies [...]. Beaucoup de ses partisans n'auraient pas pu voter car ils n'étaient pas inscrits", explique Caroline Dumay, l'envoyée spéciale de FRANCE 24 au Zimbabwe. 

Ces allégations sont également rapportées par l’ONG Zimbabwe Election Support Network (ZESN), qui avait déployé des observateurs pendant le scrutin. Son président Solomon Zwana affirme que "quel que soit le résultat, la crédibilité des élections (...) est sérieusement compromise". En cause : "un effort systématique visant à priver les électeurs urbains de leurs droits électoraux. Jusqu'à un million d'électeurs ont été privés de leurs droits", a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.

Selon l’ONG, "99% électeurs des zones rurales ont été enregistrés sur les listes électorales contre 70% pour les zones urbaines", précise Caroline Dumay. "Comme les listes ont été rendues public la veille du scrutin, beaucoup ont réalisé bien tard que leur nom ne figurait pas sur les listes et qu’ils ne pouvaient donc pas voter", ajoute la journaliste.

Pourtant, le chef de la mission d'observateurs de l'Union africaine, le Nigérian Olusegun Obasanjo, a de son côté qualifié le scrutin de "pacifique, ordonné, libre et honnête", juste après la fermeture des bureaux de vote.

Le dépouillement se poursuit

Le dépouillement se poursuit ce jeudi et la police a averti qu'elle arrêterait "toute personne ou tout groupe" qui publierait des résultats non officiels.

Les sondages crédibles sont rares, mais une enquête menée en mars et avril par le cabinet américain Williams indiquait que 61 % des Zimbabwéens avaient une bonne opinion du MDC, le mouvement de Tsvangirai, contre 27 % pour la Zanu-PF du président Mugabe.

Le vieux président Robert Mugabe, dont les précédentes élections ont été marquées par des violences et des tricheries, avait promis que le scrutin serait exemplaire. "Je suis sûr que les gens vont voter librement, il n'y a aucune pression exercée sur qui que ce soit", déclarait-il mercredi après avoir voté dans une école primaire du faubourg de Highfield, à Harare.

Lors de la dernière présidentielle en 2008, Morgan Tsvangirai avait pris l'avantage avec 47 % des voix au premier tour, contre 43 % à Robert Mugabe. Les partisans du président s'étaient alors déchaînés contre leurs opposants, faisant près de 200 morts.

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Les précisions de l'envoyée spéciale de FRANCE 24
Zimbabwe : Mugabe revendique la victoire, Tsvangirai parle de "farce"

Pour éviter une guerre civile, Morgan Tsvangirai avait retiré sa candidature, laissant le sortant seul en lice pour le second tour. Puis il avait accepté en 2009 de cohabiter avec Robert Mugabe, sous la pression de la communauté internationale, pour mettre fin aux violences.

Les résultats du premier tour de la présidentielle ne sont pas attendus avant le 5 août. Un éventuel deuxième tour pourrait être organisé le 11 septembre si aucun des deux candidats n'obtient 50 % des voix.

Avec dépêches