
Les tensions politiques entre le parti islamiste au pouvoir, Ennahda, et ses détracteurs sont encore montées d'un cran, mercredi, après l'annonce de la démission du ministre de l'Éducation et d'un nouvel incident sécuritaire au sud de Tunis.
Le gouvernement tunisien pourra t-il se maintenir au pouvoir jusqu’au 17 décembre, date avancée par le Premier ministre pour les prochaines élections parlementaires ? La question est revenue sur les devants de la scène après la démission, mercredi 31 juillet, du ministre de l’Éducation, Salem Labyed. La veille, le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, avait également évoqué son retrait du gouvernement en appelant tous les partis à "dépasser leurs égoïsmes pour relever les défis et combattre le terrorisme" et à former rapidement un nouveau gouvernement.
Moins d’une semaine après l’assassinat du député d’opposition Mohamed Brahmi, le gouvernement dominé par les islamistes d’Ennahda reste la cible privilégiée des critiques laïques. La puissante centrale syndicale UGTT et l’organisation patronale Utica sont tombées d’accord avec l’opposition de gauche pour appeler à un gouvernement d'union nationale.
Un appel relayé par le parti de centre-gauche Ettakatol, pourtant allié aux islamistes au pouvoir. Un regain de pression politique qui a poussé le Premier ministre Ali Larayedh, issu d’Ennahda, à adopter un ton plus conciliant. "Nous sommes ouverts à toutes les propositions pour parvenir à un accord, notamment un gouvernement d'union nationale ou de salut national", ainsi déclaré le chef du gouvernement, mardi, lors d’un entretien avec l’agence Reuters.
Série noire au niveau sécuritaire
Ce bras de fer politique survient dans un contexte sécuritaire particulièrement fébrile. Une bombe artisanale téléguidée a explosé dans la nuit de mardi à mercredi près de la ville de Mhamdia, à environ 30 kilomètres au sud de Tunis. Pour le chef des gendarmes locaux, il ne fait aucun doute que ce sont ses hommes qui étaient visés. "Cette zone est connue pour les patrouilles 24h/24 de la garde nationale. Ceux qui ont posé cette bombe le savaient", a déclaré le directeur de la garde nationale de Mhamdia, Mohamed Jouhri, sur les ondes de la radio tunisienne Shems FM.
À peine remise de son deuxième assassinat politique en moins de six mois, la Tunisie a été de nouveau sonnée, lundi, par l’annonce de la mort de huit militaires dans une embuscade au mont Chaambi, près de la frontière algérienne. Les troupes tunisiennes sont engagées depuis décembre 2012 dans des opérations de ratissage contre un groupe armé lié à Al-Qaïda. Des opérations militaires qui risquent de durer encore quelques temps. Selon Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements terroristes, les forces tunisiennes auront besoin d’un véritable "saut qualificatif" dans le domaine de la contre-insurrection pour venir à bout des groupes armés du mont Chaambi.
Avec dépêches