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Le Sarkothon n’est pas (vraiment) terminé

Alors que l'UMP vient d'obtenir deux mois supplémentaires pour rembourser la totalité des 11 millions d'euros dus depuis que les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy ont été invalidés début juillet, les appels au don continuent.

À la veille de la date butoir pour combler son trou de 11 millions d’euros consécutif à l'invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, l’UMP n’avait réuni ce mardi 30 juillet que 8,3 millions d’euros, en moins d'un mois. Les sympathisants et les adhérents UMP devront donc encore faire un petit effort pour rembourser les 2,7 millions restants, un objectif largement réalisable. D’autant plus que le "Sarkothon" n’en est plus vraiment un, puisque les banques – la Société générale, notamment - ont accordé au parti un délai supplémentaire de deux mois pour rembourser son dû.

Signe que le pari est presque gagné, l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, a rédigé une lettre aux militants UMP ayant déjà répondu au lancement de la souscription, il y a quatre semaines. "Votre geste de solidarité et de fidélité me touche beaucoup", a écrit le l’ex-chef de l’État, de retour de vacances au Canada. "Par votre précieux soutien, vous manifestez votre attachement à notre famille politique, et, bien au-delà, au pluralisme et à la nécessité de préparer l’alternance au socialisme", peut-on encore lire dans le courrier que les militants ont reçu ce mardi par courriel puis dans le courant de la semaine par voie postale. Pour encourager les contributions, Nicolas Sarkozy a même promis de rencontrer les plus gros donateurs courant septembre.

Nadine Morano et les Amis de Nicolas Sarkozy fidèles au poste

Un élu socialiste donne 150 euros à l’UMP

Parmi les 90 000 donateurs, il y en a un qu’on ne soupçonnait pas. Christian Bourquin, président socialiste de la région Languedoc-Roussillon, a sorti son carnet de chèque et versé 150 euros à l’UMP au nom du "pluralisme démocratique", mais aussi pour obliger l’UMP à faire preuve, en retour, "d’esprit républicain" lors des municipales de 2014, alors que le FN fait de très gros scores dans sa région. Un geste que le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a peu apprécié. S’il ne met pas en doute "la démarche d'un démocrate sincère", "il faut d'abord aider son camp", estime t-il.

Plus de 90 000 donateurs ont répondu à l’appel de l’ancien président, pour un don moyen autour de 80 euros. Afin d’en recueillir encore un peu plus, le président de l’UMP, Jean-François Copé, avait envoyé ce week-end un mail de relance aux sympathisants. Du côté des partisans de l’ancien chef de l’État, Nadine Morano et les Amis de Nicolas Sarkozy n’ont pas hésité à mettre la main à la poche. L'association s'apprête à verser à l'UMP un chèque de 20 000 euros ce mois-ci, ainsi qu’un autre chèque de la même valeur début septembre.

L’ancienne ministre Nadine Morano a pour sa part donné 2 000 euros, somme réclamée à tous les parlementaires UMP, alors même qu’elle n’est plus en poste. Elle a même appelé mardi matin à ne pas tenir compte du délai supplémentaire accordé et à continuer l’effort pour rembourser la totalité de la somme d’ici la fin du mois "parce que nous avons besoin de cet argent et que notre objectif n'est pas de se reposer sur les banques". N’oubliant pas la guerre interne à l’UMP opposant Jean-François Copé et François Fillon, elle a par ailleurs estimé que "certains devraient faire des efforts supplémentaires" pour leur famille politique. "Je les appelle à regarder leur conscience", a-t-elle poursuivi.

Nicolas Sarkozy "aurait pu donner un peu plus"

Un appel qui a dû faire grincer des dents Bernard Debré, qui reproche à Nicolas Sarkozy de n’avoir pas vraiment cassé sa tirelire. Selon le député UMP de Paris, qui a lui-même versé 2 500 euros dans la cagnotte commune, Nicolas Sarkozy aurait pu "faire un effort supplémentaire" afin de "montrer l’exemple". "Nicolas Sarkozy a donné 7 500 euros, bien sûr. Oserais-je dire qu'il aurait pu donner un peu plus parce qu'il était caution solidaire ?", a-t-il ainsi ironisé mardi sur I-télé. Pour ce proche de François Fillon, "il y a le paradoxe (...) ce de qui s'est passé un lundi fameux quand Nicolas Sarkozy est venu et qu'il nous a tenu ce discours qui était formidable, en disant : il faut que vous m'aidiez, payez, payez parce que ma campagne a été dispendieuse, payez parce que j'ai été sanctionné, payez parce que je dois 11 millions".

L’élu en a aussi profité pour critiquer la gestion du parti ces dernières années. "Il y a les 11 millions que Nicolas Sarkozy avec sa campagne doit, mais il y a derrière 44 millions d'euros de déficit, il ne faut pas l'oublier", a-t-il rappelé, préconisant "une gestion plus adaptée, moins dispendieuse, moins de grandes réunions spectaculaires, peut-être un peu plus de réflexion politique". Un message que les copéistes ont dû apprécier.