Alors que l'armée et les Frères musulmans sombrent dans la confrontation meurtrière, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est arrivée dimanche soir au Caire pour plaider en faveur d'une accalmie politique.
La tension va-t-elle enfin retomber au Caire ? Au lendemain des violences politiques qui ont fait deux morts parmi les fidèles de Mohamed Morsi et 72 tués, la veille, dans des affrontements entre pro-Morsi et forces de sécurité au Caire, la situation politique semble dans l’impasse.
Aucun des des camps ne comptent baisser les armes. Le Conseil de défense nationale, présidé par le chef de l'État par intérim Adly Mansour et le général Abdel Fattah al-Sissi, a promis des "décisions et mesures décisives et fermes" si les manifestants pro-Morsi "outrepassent leur droit à l'expression pacifique". Un conseiller du président par intérim, Moustapha Hegazy, a même qualifié de "source de terrorisme" le campement pro-Morsi installé près de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le nord-est du Caire.
Malgré les mises en garde du pouvoir, les partisans du président islamiste déchu se refusent à toute concession. "Nous ne négocierons pas avec l'armée", a une nouvelle fois déclaré Gehad el-Haddad, un porte-parole des Frères musulmans. "Nos seules armes sont le tapis de prière et le Coran. L'autre camp a les balles et les gaz", a affirmé de son côté Dhahi Abdallah, un partisan originaire du Delta du Nil.
"Issue pacifique"
C’est dans ce climat délétère que la représentante de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Catherine Ashton, est arrivée dans la soirée de dimanche au Caire, pour la deuxième fois en moins de deux semaines. La diplomate, qui rencontrera toutes les parties, notamment le vice-président Mohamed el-Baradei, a souhaité une "issue pacifique", appelant à "un processus de transition politique totalement inclusif, et associant tous les groupes politiques, y compris les Frères musulmans".
De son coté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde les dirigeants du pays, avertissant que chaque mort rendrait plus difficile la sortie de crise. Le secrétaire d'État John Kerry s'est quant à lui déclaré "très inquiet" de cette "explosion de violence" dans le pays, qui porte à plus de 300 le nombre de tués en un peu plus d'un mois.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a fustigé un "mépris criminel" des autorités égyptiennes "pour la vie humaine", dénonçant "une volonté choquante de la part de la police et de certains politiques de faire monter d'un cran la violence contre les manifestants pro-Morsi".
Avec dépêches