Sam Rainsy, le chef de l'opposition cambodgienne exilé en France pour échapper à plusieurs peines de prison, a de nouveau foulé sa terre natale vendredi matin. Il a été gracié le 12 juillet, deux semaines avant la tenue d'élections législatives.
Il n’avait pas foulé sa terre natale depuis quatre ans. Sam Rainsy, le chef de l'opposition cambodgienne, a atterri vendredi 19 juillet au matin à l’aéroport de Phnom Penh, où il a été accueilli par une foule de partisans.
"Je suis très heureux. Je suis revenu pour sauver la nation avec vous tous", a déclaré Sam Rainsy à son arrivée, avant de se baisser pour embrasser le sol de son pays. Face à lui, des milliers de sympathisants hurlaient son nom. it
"Je suis très heureux d'être de retour"
"Il est impossible de marcher tellement les sympathisants de Sam Rainsy sont venus nombreux pour l’accueillir", témoigne Cyril Payen, envoyé spécial de FRANCE 24 qui a fait le voyage entre Paris et Phnom Penh aux côtés de l’opposant. "Il y a une cohue indescriptible, les gens scandent son nom, scandent aussi le mot ‘changement’. […] Un défi au Premier ministre au pouvoir depuis 1985", poursuit le journaliste.
Condamné à 11 ans de prison en 2009 pour, notamment, avoir publié une carte jugée erronée des frontières du Cambodge avec le Vietnam, Sam Rainsy a pris, pour la deuxième fois de sa vie, le chemin de l’exil. En 2005, il avait fui une première fois en France après avoir été condamné à 18 mois d’emprisonnement pour diffamation au Cambodge. Il avait été gracié l’année suivante.
"Petite victoire pour la démocratie"
L’opposant a été gracié de sa deuxième condamnation il y a quelques jours. "Sa grâce est un de ces coups de théâtre dont seule la politique cambodgienne a le secret. Il y a un mois, je l’avais rencontré en exil, on donnait peu de choses de son avenir politique [au Cambodge, NDLR]", explique Cyril Payen.
Vendredi, l’opposant avait qualifié sa grâce de "petite victoire pour la démocratie", tout en notant qu’il restait "beaucoup à faire". L’homme s’était présenté aux élections législatives du 28 juillet prochain mais il a été retiré des listes électorales de son parti.
Sam Rainsy, 64 ans, est le chef de la coalition de partis d’opposition, le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP). Né dans une haute société cambodgienne, il a quitté son pays à 16 ans pour Paris après la disparition de son père, probablement tué, selon les historiens, par des hommes du futur dictateur Lon Nol (1970-1975).
En France, il travaille dans plusieurs banques avant de créer un cabinet d’expert comptable. De retour au Cambodge, il prend brièvement la tête du ministère des Finances, alors que le pays peine alors à sortir du marasme provoqué par des décennies de guerre civile.
L’an dernier, Sam Rainsy s’était allié à un autre opposant, Kem Sokha, pour créer le CNRP et tenter enfin de battre le Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 28 ans.
"Son retour au pays va galvaniser la coalition des partis d’opposition qu’il a menée, estime Cyril Payen. Le Cambodge est une démocratie mais qui dérive parfois vers une forme d’autocratie, une sorte de dynastie menée par Hun Sen qui contrôle les médias, le système électoral et tout l’appareil d’État. Et ce depuis des décennies."
Avec dépêches