Le procès de Francesco Schettino, dont le navire a fait naufrage le 13 janvier 2012 entraînant la mort de 32 passagers, s'ouvre ce mercredi en Italie. Le capitaine du "Costa Concordia" se retrouve seul sur le banc des accusés.
Surnommé le "Capitaine couard", il est l’homme le plus détesté d’Italie. Francesco Schettino, commandant du paquebot "Costa Concordia" dont le naufrage le 13 janvier 2012 a fait 32 morts - dont six Français -, affronte la justice mercredi 17 juillet à Grosseto, en Toscane, après un faux départ il y a une semaine. Entamé techniquement mardi dernier, le procès a en effet été repoussé en raison d'une grève nationale des avocats. Plus de 400 témoins au total et 250 parties civiles devraient être cités pour ce procès fleuve.
"Le procès devrait durer longtemps, rapporte Tristan Dessert, l'envoyé spécial de FRANCE 24 à Grosseto. Il va s'étaler sur plusieurs semaines, probablement même sur
it plusieurs mois, puisque des centaines de témoins pourraient être convoqués pour déterminer exactement la responsabilité du capitaine dans ce drame."
Homicides multiples par imprudence
Francesco Schettino, qui se retrouve seul sur le banc des accusés, est poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dommages causés à l'environnement. Les cinq autres personnes mises en cause dans cette tragédie - dont le directeur de l’unité de crise au sein de la compagnie Costa Croisières - ont obtenu le feu vert du parquet pour une peine négociée avec le tribunal.
"Francesco Schettino a lui aussi tenté cette procédure [qui lui aurait évité un procès public, NDLR] mais cela lui a été refusé. Il devra donc passer par un procès public", poursuit Tristan Dessert. À l'ouverture du procès, ses avocats ont de nouveau réclamé un accord à l'amiable.
Parmi les 347 témoins de l'accusation cités à comparaître figurent Domnica Cemortan, la jeune Moldave présente sur le pont aux côtés de Francesco Schettino au moment du naufrage, et Gregorio De Falco, le chef de la capitainerie du port de Livourne qui avait sommé en termes très crus au capitaine de remonter à bord du navire.
"Pour sa défense, Francesco Schettino souhaite évoquer les responsabilités de la compagnie [...], explique Tristan Dessert. Selon lui, certaines procédures de sécurité mises en place par la compagnie étaient défaillantes. Il va également pointer un problème de communication avec son équipage : certains de ses ordres n'auraient pas été suivis. Il estime également que le navire présentait des défauts de conception qui auraient aggravé la catastrophe."
Dans la nuit du 13 janvier 2012, le "Costa Concordia", un paquebot de 114 500 tonnes, avec à son bord 4 229 personnes, avait heurté un écueil près de la côte et s'était échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l'île toscane du Giglio. Trente-deux personnes avaient trouvé la mort, dont deux n'ont jamais été retrouvées.
L'enlèvement de l’épave toujours incertain
La plupart des passagers sortis indemnes de la catastrophe ou n’ayant pas perdu de proches ont accepté une indemnisation standard d'environ 11 000 euros proposée par Costa Croisières. La compagnie, quant à elle, a été condamnée en avril à verser une amende d'un million d'euros au terme d'une procédure négociée au cours de laquelle elle a reconnu sa responsabilité administrative, ce qui lui permet d'échapper à un procès au pénal.
L’énorme épave gît toujours près du port sur l’île de Giglio, couchée sur le flanc. Le renflouement de l'épave, une véritable prouesse technique plusieurs fois reportée, est prévu en septembre mais le doute subsiste sur cette date. Après plusieurs reports, Costa et le consortium Titan Micoperi chargé techniquement de l'opération avaient parlé du mois de septembre pour remettre le bateau à la verticale, et de six ou sept semaines de plus pour le tracter vers un port où il serait démantelé.
Mais le chef de la protection civile Franco Gabrielli a douché ces espoirs dans une récente interview télévisée évoquant un manque de garanties sur ce qu'il se passera quand le navire sera remis en position. Sa crainte et celle d'autres spécialistes est que le navire puisse se briser en plusieurs morceaux pendant la manœuvre, et déverse dans la réserve maritime qu'est le Giglio des tonnes d'eau polluée contenant les produits d'entretien et la nourriture que transportait le navire.
Avec dépêches