Démissionnaire en 2011 du Congrès américain après la divulgation de photos de lui en petite tenue sur Twitter, le démocrate Anthony Weiner revient sur la scène politique en briguant la mairie de New York. Lundi, un sondage l’a donné favori.
Les autres prétendants à la mairie de New York pensaient bel et bien être débarrassés d’un adversaire de taille. Mais c’était compter sans le retour surprise, en mai, d’Anthony Weiner dans la course pour la mairie de la Grosse pomme. Si la candidature du démocrate est suspendue à l'issue des primaires de son parti le 10 septembre, il sera officiellement en lice pour l'élection du 5 novembre prochain. Selon un sondage publié lundi 15 juillet, l’ancien élu du Congrès fédère 25 % des intentions de vote, devant une autre démocrate, donnée jusque-là favorite, Christine C. Quinn.
Pourtant, à 48 ans, Anthony Weiner revient de loin. En 2011, il a démissionné, bon gré mal gré, de son poste de représentant démocrate de l’État de New York au Congrès après avoir été éclaboussé par une histoire de tweets peu décents. L’élu avait en effet envoyé des photos de lui en slip à des conquêtes virtuelles via le site de microblogging, sans s’apercevoir, dans un premier temps, que les images étaient publiques. L’affaire avait été rapidement relayée et tournée en dérision. Après avoir effacé les messages compromettants, Anthony Weiner s’était justifié en prétendant avoir été victime d’un piratage, puis avait finalement avoué la vérité.
S’il est élu, "ce sera la honte"
Depuis sa démission, l’ancien élu s’est astreint à une cure de silence, tentant de faire taire les moqueries suscitées par l’affaire ainsi que les plaisanteries sur son patronyme (le mot "Weiner" se prononçant en anglais de la même manière qu’un synonyme de pénis).
Récemment encore, une erreur d’affichage sur son site Web a fait apparaître des gratte-ciel de la ville de Pittsburgh, en Pennsylvanie. La gaffe, rapidement corrigée, a provoqué railleries de la part de blogueurs et journalistes. En mai, peu après l’annonce de sa candidature, le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, a dit de lui que s’il était élu, ce serait "la honte", avant d’affirmer que cette déclaration était une blague.
Toutefois, n’en déplaisent à ses détracteurs, selon qui il n’est ni doué en tant que législateur ni connu pour être un travailleur acharné, le prétendant à la succession de Michael Bloomberg surfe sur sa célébrité. "Il bénéficie du ‘name recognition’, car il n’y a pas d’autres stars côté démocrate à part lui dans cette élection," commente Emmanuel Saint-Martin, correspondant de FRANCE 24 à New York.
Anthony Weiner, seulement entouré dans cette campagne par une équipe de quelques centaines de volontaires alors que ses opposants en comptent plusieurs milliers, provoque, lors de ses apparitions publiques, des réactions enthousiastes de la part de la population. À l’issue d’un discours du candidat prononcé fin juin, une Américaine de 47 ans citée par le "New York Times" a avoué avoir modifié son opinion sur l’homme. "Il mérite une autre chance," a-t-elle déclaré.
Seconde chance
Cette popularité a été travaillée par Weiner à grand renfort de communication en 2013 à l’aide de son épouse, Huma Abedin, ancienne chef de cabinet d’Hillary Clinton. En misant sur les médias - et notamment sur le "New York Times Magazine", qui a consacré un long article au couple - le démocrate a ainsi amorcé son retour, arguant qu’il avait changé. "J’ai fait de grosses erreurs et j’ai déçu beaucoup de personnes, mais j’en ai tiré des leçons. J’espère que je pourrai bénéficier d’une seconde chance afin de travailler pour vous," plaide-t-il dans sa vidéo de campagne diffusée sur son site internet.
La vidéo de campagne d'Anthony Weiner
Le clip présente le prétendant à la succession de Michael Bloomberg au contact de la population et des commerçants de la ville, avant de s’achever sur une image sereine de lui et son épouse assis côte à côte, s’échangeant des regards complices.
Selon le journaliste du "New York Times", Javier Hernandez, cette image de bon communicant proche des gens est l’un de ses atouts. "C’est un homme politique de la rue, tout aussi à l’aise lorsqu’il parle de crèmes glacées avec des enfants de 5 ans que lorsqu’il débat de la réforme du système de santé en compagnie de syndicalistes," écrit-il à propos de celui qui, avant le scandale de 2011, faisait déjà office de favori pour ce scrutin.
Ce retour gagnant, du moins pour l’instant, n’a pas manqué de faire des émules. L’ancien gouverneur démocrate de New York, Eliot Spitzer, démissionnaire il y a cinq ans à la suite de son implication dans un scandale mêlant des prostituées de luxe, a décidé pour sa part, le 8 juillet, de briguer la fonction de contrôleur financier, le troisième poste électif de la ville. L’homme bénéficie, lui aussi, de sondages favorables.