Un mois après le début de la fronde sociale, d'importantes manifestations secouent le Brésil à l'appel des syndicats qui appellent pour la première fois ensemble à une "journée nationale de luttes".
Plusieurs routes du Brésil ont été bloquées et les transports en commun partiellement paralysés jeudi 11 juillet à l'appel des grandes centrales syndicales dans le cadre d'une "journée nationale de luttes". À Sao Paulo, mégapole de 20 millions d'habitants, les syndicats des transports ont appelé à bloquer les 29 terminaux d'autobus et tôt le matin plusieurs avenues de la ville étaient bloquées par les manifestants. Trains et métros fonctionnaient normalement cependant. Au total, 35 quartiers de la ville et de la banlieue doivent être le théâtre de protestations au cours de la journée.
À Rio de Janeiro, banques et commerces ont fermé leurs portes, craignant pillages et dégradations même si ces manifestations sont annoncées comme "pacifiques". Une cinquantaine de piquets de grève bloquent aussi la poste centrale à Benfica (zone nord), empêchant les camions de sortir avec le courrier.
Depuis la fronde sociale qui a secoué le pays en juin, les cinq grands syndicats manifestent pour la première fois côte à côte et réclament la réduction de la semaine de travail à 40 heures (contre 44 heures aujourd'hui) notamment. Les manifestants ont aussi repris certaines des revendications des manifestions massives de juin, qui se voulaient "apolitiques", comme l'amélioration des services publics et plus d'investissements en éducation.
"Première fois que nous manifestons ensemble"
"C'est la première fois dans l'histoire du Brésil que nous manifestons ensemble", a déclaré à l'AFP le président de FS, Paulo Pereira da Silva alias "Paulinho". "C'est important pour que la présidente [de gauche] Dilma Rousseff réponde à nos demandes", a-t-il ajouté. "Nous allons exiger la réduction des taux d'intérêts et des changements dans l'équipe économique", a-t-il prévenu.
Toutefois, le soutien politique des syndicats divergent. Certains affichant leur soutien au gouvernement de la présidente, d’autres arborant leur opposition au gouvernement, comme Force syndicale (FS).
Dans d'autres grandes villes, comme Salvador de Bahia, Porto Alegre, Belo Horizonte, Curitiba, Florianopolis ou Manaus, les transports en commun sont également à l'arrêt. Plusieurs écoles ont fermé leurs portes et certains hôpitaux ne traitent que les urgences, les examens de santé ont été repoussés. Une grève des dockers du port de Santos (État de Sao Paulo), le plus grand d'Amérique latine, qui a paralysé provisoirement mercredi toutes ses activités, se poursuivait jeudi.
Les syndicats des dockers, qui regroupent 80 000 travailleurs, rejettent un décret présidentiel de juin qui établit de nouvelles règles pour les concessions des ports publics et les autorisations d'ouverture de ports privés.
Seule la Centrale unique des travailleurs (CUT), le plus important des syndicats fondé dans les années 1980 par l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva et parrain politique de Dilma Rousseff, défend le référendum voulu par la présidente, comme réponse à la rue, pour une grande réforme politique.
Avec dépêches