Après avoir a nouveau tenté d’investir la place Taksim lundi à Istanbul, des centaines d'opposants turcs ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par la police turque.
Lieu symbolique du mouvement de contestation anti-gouvernementale auquel fait face le gouvernement islamiste de Recep Tayyip Erdogan depuis le mois de mai, le parc Gezi, à Istanbul, qui avait été occupé plus de deux semaines par les manifestants, est de nouveau accessible au public depuis le 7 juillet. Mais les contestataires ne désarment pas pour autant. Des centaines d'entre eux ont été dispersés lundi soir à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau par la police turque alors qu'ils tentaient de gagner le parc Gezi, fermé depuis le début de l'après-midi.
Des échauffourées se sont ensuite poursuivies entre la police et les manifestants, les jets de bouteilles répondant aux tirs de grenades lacrymogènes et de billes en plastique. Plusieurs personnes ont été interpellées, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Nouvelles formes de contestation
Pour Fatma Kizilboga, correspondante de FRANCE 24 à Istanbul, si les manifestants "n’ont pas dit leur dernier mot", l'objectif n'est pas de "réoccuper le parc". Après avoir été délogé par la force de la place Taksim, le mouvement de contestation sociale a pris une nouvelle forme. Depuis trois semaines, les opposants se réunissent dans les parcs publics d’Istanbul, et d’autres villes du pays, afin d’y tenir ce qu’ils appellent des forums. Des réunions durant lesquelles ils débattent de la politique menée par le Parti pour la justice et le développement [AKP, au pouvoir] qu’ils accusent de dérive autoritaire."
itMise en garde contre les manifestants
"Aucune manifestation n'y sera désormais tolérée", avait toutefois prévenu, samedi, le gouverneur de la mégalopole turque, Hüseyin Avni Mutlu. "Les parcs ne sont pas des lieux pour des manifestations […] Ils doivent servir d'endroit de repos, de tranquillité pour tous les citoyens", a-t-il indiqué à l’adresse des protestataires.
Samedi soir, plusieurs milliers de personnes avaient déjà tenté, en vain, d’occuper de nouveau la place Taksim, autre bastion de la fronde d’où ils avaient été délogés le 15 juin. Les manifestants se sont rapidement heurtés aux forces de l’ordre qui les ont maintenus à distance par des jets sporadiques de grenades de gaz lacrymogène.
C’est au parc Gezi qu’avait pris naissance, en mai, le mouvement de contestation sans précédent contre le régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002. Des militants écologistes, opposés à l'arrachage des arbres du parc pour un projet de construction, en avaient été violemment délogés le 31 mai par les forces de l'ordre, déclenchant une fronde inédite de trois semaines contre les dirigeants au pouvoir accusés d'autoritarisme et de vouloir islamiser la société. Des milliers de manifestants avaient occupé jour et nuit le parc Gezi avant d'être évacués au cours d'une intervention policière d'envergure le 16 juin.
Au moins quatre personnes ont péri et plus de 7 800 autres ont été blessées lors des manifestations récentes à travers la Turquie, selon l'Union des médecins de Turquie. Des milliers de personnes ont, par ailleurs, été interpellées, mais la grande majorité d'entre elles ont été relâchées.
Avec dépêches