![Villeneuve-sur-Lot ou "l’échec du front républicain" face au Front national Villeneuve-sur-Lot ou "l’échec du front républicain" face au Front national](/data/posts/2022/07/18/1658147380_Villeneuve-sur-Lot-ou-l-echec-du-front-republicain-face-au-Front-national.jpg)
Une étude menée par l’Ifop et le journal "Le Monde" publiée lundi, révèle qu’une majorité d'électeurs de gauche de Villeneuve-sur-Lot n’ont pas répondu à l’appel du PS à contrer l'extrême droite. "Un échec du front républicain", selon certains.
N’en déplaise au Parti socialiste (PS), la stratégie du front républicain n’a pas fonctionné à Villeneuve-sur-Lot. À l'issue du premier tour, où le candidat socialiste Bernard Barral à été battu d'entrée, la gauche et la droite avaient appelé à voter pour le candidat de l'UMP Jean-Louis Costes, créant ainsi un front républicain censé faire barrage au Front national. Et au lendemain du second tour de l’élection législative partielle remportée le 23 juin 2013 par Jean-Louis Costes (53,76 %) devant le frontiste Étienne Bousquet-Cassagne (46,24 %), l’exécutif veut encore croire que le report des voix socialistes a permis de contrer le parti d’extrême droite. Lors de son déplacement au Qatar, François Hollande avait alors déclaré que c'était "grâce aux voix socialistes que Jean-Louis Costes a été élu". Or, une étude réalisée conjointement par l’Ifop et le journal "Le Monde", publiée lundi 1er juillet, révèle le contraire.
"Un aveu de faiblesse incontestable du PS"
Selon les résultats de l’enquête, la majorité des électeurs de gauche (62%) ont voté blanc ou se sont abstenus. Plus inquiétant pour le Parti socialiste, 15 % des électeurs de gauche auraient voté Front national au second tour. Seuls 23% d’entre eux ont choisi de jouer le jeu du front républicain en reportant leur vote sur le candidat de l'UMP.
L’élection de Villeneuve-sur-Lot, organisée après la démission de Jérôme Cahuzac, est l’expression de l’ "échec du front républicain", explique François-Xavier Bourmaud, journaliste au "Figaro" et spécialiste du Parti socialiste. "Bien qu’il s’agisse d’une élection locale avec toutes les spécificités que cela suppose, notamment avec l’affaire Cahuzac, le Parti socialiste doit prendre cette défaite comme une alerte", poursuit-il dans un entretien accordé à FRANCE 24.
Rassembler pour gagner
François Hollande a beau rassurer ses troupes, en affirmant lundi dans les colonnes de "Ouest France" que "les élections partielles sont rarement bonnes pour les gouvernements en place, surtout en période de crise", il appelle néanmoins les électeurs de gauche à se rassembler dès le premier tour lors des prochains scrutins, en particulier pour les élections municipales en 2014. "Le souvenir du 21 avril 2002 est toujours bien présent dans toutes les mémoires", estime Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques au CNRS. "Cette stratégie du rassemblement sera probablement payante pour les élections futures, mais elle résonne comme un incontestable aveu de faiblesse du PS, incapable de remporter un scrutin sans former d’alliance", commente le spécialiste.
En outre, rassembler une majorité à gauche avec les Verts et le Parti de gauche suppose également que "le président et son gouvernement infléchissent leur politique pour satisfaire les alliés", ajoute-t-il.
Nouvelles stratégies ?
Selon Frédéric Sawicki, "la stratégie du rassemblement ne doit pas exonérer le PS d’une réflexion plus profonde". Harlem Désir et Julien Dray l’ont bien compris. Conscients de la dynamique du FN, les deux anciens militants de SOS Racisme appellent à une nouvelle stratégie en dénonçant "les subterfuges du programme économique du FN".
La manœuvre consiste à "déconstruire" les arguments frontistes concernant notamment l’Europe et la sortie de l’Euro et d'obtenir des résultats de Bruxelles sur la croissance. Une stratégie qui s’avère "inopérante", selon François-Xavier Bourmaud. "Le PS n’en est pas à son premier coup d’essai en la matière et toutes les stratégies de déconstruction mises en place dans le passé ont toujours été infructueuses", explique le journaliste.
Et de conclure, "une chose est sûre, le Parti socialiste a compris que la technique utilisée sous Mitterrand qui consistait à faire monter le FN pour affaiblir la droite n’est plus payante, et pouvait même se retourner contre lui".