
Face à la morosité française, Félix Marquardt, un communicant très médiatique, conseille aux jeunes d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs... avant de revenir, riches de leur apprentissage. Il s'agit de sa seconde tribune sur le sujet.
Félix Marquardt persiste et signe, cette fois dans le "New York Times". Le consultant international de 38 ans, fondateur des "Dîners de l’Atlantique" et ancien directeur de la communication du "Herald Tribune", a publié dimanche 30 juin une tribune dans le quotidien américain, dix mois après son premier appel dans les colonnes de "Libération" : "Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous !"
Le texte, qui avait fait grand bruit et déclenché une polémique sur l’avenir de la jeunesse française, était co-signé à l'époque par Mouloud Achour, chroniqueur du "Grand journal", et Mokless, un rappeur français. "Votre salut est, littéralement, ailleurs. Non pas dans la fuite, en quittant un pays dont les perspectives économiques sont moroses, mais en vue de vous désaltérer et de vous réinventer pour revenir riches d’expériences nouvelles", conseillaient-t-ils alors. Un site internet avec un appel à projets avait même été créé pour l’occasion.
Quand la périphérie devient le centre
Cette fois, Félix Marquardt signe seul, mais le message n’a pas changé : pour réussir, les jeunes français doivent émigrer. "The Best Hope for France’s Young? Get Out" (Le meilleur espoir pour la jeunesse de France ? Partir), affirme-t-il. "La France a toujours été un pays où les gens rêvent de s’installer. Pas de partir", peut-on lire en préambule. Une tradition qui pourrait prendre fin, souligne Félix Marquardt.
La France doit-elle devenir un pays d’émigration ? "Ce qu’on a longtemps considéré comme la périphérie est tout doucement en train de devenir le centre", avance-t-il, citant la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie ou encore l’Indonésie comme les futures destinations de vie à privilégier.
"Les jeunes Français doivent aller à l’étranger pour travailler, pour voyager, pour voir comment les choses fonctionnent différemment ailleurs", argumente cet atlantiste convaincu. S’il faut aller voir du pays, pas question pour autant de quitter sa patrie définitivement. Les jeunes émigrés doivent ensuite "revenir en France et réinjecter un peu de l’énergie et de l’enthousiasme qu’ils ont absorbé dans les autres pays".
Déni de réalité de la classe politique
Face à cette situation, les élites françaises font la sourde oreille, pense l’auteur. Pour appuyer son propos, il rappelle la réaction du président François Hollande, interviewé le 16 juin dans l’émission "Capital" sur M6. Alors qu’on lui demandait de répondre au témoignage d’une jeune diplômée de Sciences Po, qui a dû partir en Australie faut de perspectives en France, le chef de l’État a déclaré : "Je dirais à cette personne que la France est son pays. Et que ce pays l’aime. […] Mon devoir est de dire à cette jeune femme que c'est ici en France qu'elle doit réussir." Un "déni de réalité", selon Félix Marquardt, qui rétorque que "le devoir n'a rien à voir avec la création d'opportunités et l'innovation".
Si le conseil s’adresse aux jeunes, Félix Marquardt réserve son dernier argument pour la classe politique française. "Qu’ils soient progressistes ou conservateurs, les politiciens français ne peuvent pas continuer à considérer que le vote de la jeunesse leur est acquis. S’ils persistent, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen va continuer de progresser, tout comme le nombre de jeunes gens talentueux qui décideront de partir – cette fois pour de bon."