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Célébrations à Zagreb pour l'adhésion de la Croatie à l'UE

La Croatie est devenue le 1er juillet le 28e État de l'Union européenne, un plus de vingt ans après avoir proclamé son indépendance vis-à-vis de la Yougoslavie. Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche soir dans la capitale croate.

Des feux d'artifice ont éclairé le ciel de Zagreb alors que des dizaines de milliers de Croates à travers le pays acclamaient lundi à 00H00 locales (dimanche 22h00 GMT) l'adhésion à l'Union européenne de leur pays, 22 ans après la proclamation de son indépendance de l'ex-Yougoslavie.

"Bienvenue dans l'Union européenne", a lancé le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à la foule rassemblée à Zagreb, peu avant que "L'ode à la joie" de Beethoven - hymne de l'UE -, ne consacre l'intégration de la Croatie comme 28e membre du bloc européen.

"C'est une nuit historique. Vous avez fait revenir la Croatie à sa juste place au cœur de l'Europe", a-t-il lancé.

Après la Slovénie en 2004, la Croatie est le deuxième État issu de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie à intégrer l'UE. Le chemin sera sans doute beaucoup plus long pour les quatre autres (Serbie, Bosnie, Macédoine et Monténégro). C'est aussi la première adhésion d'un pays depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007. Dans son discours, le président croate Ivo Josipovic a de son côté invité ses compatriotes à l'optimisme.

"Ne laissons pas le nuage de la crise économique assombrir notre optimisme. La crise est un défi, une invitation à faire demain un jour meilleur qu'aujourd'hui", a-t-il dit.

Bientôt la Serbie?

À minuit, le panneau de signalisation frappé de l'inscription "douane" a été symboliquement retiré du passage frontalier avec la Slovénie, la seule ex-république yougoslave qui ait rejoint à ce jour l'UE (2004) depuis le démantèlement de l'ancienne fédération communiste.

Dans le même temps, un panneau portant le sigle de l'UE a été installé à la frontière avec la Serbie, pays à qui Bruxelles a donné vendredi son feu vert pour l'ouverture de négociations d'adhésion. Mais les analystes font valoir que ce processus risque d'être plus long et mené avec davantage de prudence que les précédents.

"Nous ne voulons pas que l'Europe s'arrête à nos frontières, elle doit être ouverte à d'autres pays", a dit le président croate Ivo Josipovic au cours de la cérémonie à laquelle assistait notamment son homologue serbe Tomislav Nikolic, jadis défenseur de la "Grande Serbie". Les présidents de tous les pays des Balkans étaient d'ailleurs au rendez-vous à Zagreb.

Dix millions de touristes

Reste que parmi les 4,4 millions de Croates, rares sont ceux, cependant, qui accueillent l'événement avec un grand enthousiasme. Au contraire, c'est plutôt l'inquiétude qui domine. Car le pays vit sa cinquième année de récession et le chômage y touche 21 % de la population active, un niveau record.

La Commission européenne a demandé à la Croatie de maîtriser ses dépenses publiques. La dette publique atteint près de 60 % du PIB et le déficit budgétaire représente 4 % du PIB.

La manne touristique - dix millions de touristes par an - est certes un atout pour ce pays des bords de l'Adriatique, grand comme deux fois la Belgique. Mais, estiment certains, la Croatie peine à séduire les investisseurs étrangers et l'économie est freinée par la bureaucratie, une justice inefficace, la lenteur du processus législatif et un marché du travail rigide.

Le gouvernement de centre gauche espère que l'adhésion à l'UE encouragera les investissements étrangers dont le pays a grandement besoin pour relancer son économie en perte de vitesse.

La monnaie croate, la kuna, introduite en mai 1994, a son cours régi par un système de flottement contrôlé vis-à-vis de l'euro. Le pays ne devrait pas adopter la monnaie unique avant les années 2019-2020 et il n'est pas prévu non plus qu'il rejoigne l'espace Schengen avant des années : certaines capitales de l'UE demeurent préoccupées par le niveau de corruption et l'importance du crime organisé en Croatie.

Les Croates entrent par ailleurs dans une Union européenne profondément ébranlée par ses difficultés économiques et budgétaires, qui ont provoqué des dissensions internes et suscitent la méfiance de l'opinion publique de ses différents États.

Avec dépêches