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Libérées dans la nuit à Tunis, les trois Femen sont arrivées à Paris

Après avoir été condamnées en appel à une peine de quatre mois et un jour de prison avec sursis en Tunisie, les trois Femen européennes ont retrouvé la liberté dans la nuit de mercredi à jeudi et sont arrivées à Paris en fin de matinée.

Les trois militantes européennes du groupe féministe Femen sont libres. Après avoir quitté la prison pour femmes de la Manouba, dans la banlieue de Tunis, les deux Françaises et l'Allemande sont arrivées à Paris, jeudi 27 juin en fin de matinée.

Elles étaient en détention en Tunisie depuis près d'un mois pour leur action seins nus le 29 mai à Tunis en soutien à Amina Sbouï, une militante tunisienne de Femen emprisonnée depuis la mi-mai. Lors de l'audience d'appel mercredi 26 juin, elles ont été condamnées à une peine de quatre mois et un jour avec sursis, a annoncé l'un de leurs défenseurs, Me Souhaib Bahri. À cette occasion, les jeunes femmes avaient pour la première fois exprimé des regrets. 

"Je regrette cet acte et je m'en excuse", a dit l'Allemande Josephine Markmann au juge Moez Ben Frej, qui lui faisait remarquer en français que "le droit musulman interdit de tels actes". "On ne pensait pas choquer les Tunisiens à ce point, il est hors de question pour nous de recommencer", a répondu à son tour l'une des deux Françaises, Pauline Hillier.

En première instance, les jeunes femmes avaient été condamnées à quatre mois et un jour de prison ferme, une peine dont la sévérité avait suscité les regrets de la France, l'Allemagne et l'Union européenne.

Visite de François Hollande

Les avocats français des Femen, qui ont pu plaider mercredi à Tunis, se sont réjouis de ce verdict plus clément en appel. "C'est un immense bonheur d'avoir plaidé en Tunisie pour la liberté des Femen et d'avoir été entendus et que le message qu'elles portent ait été entendu", ont dit à l'AFP Me Patrick Klugman et Ivan Terel.

La libération des Femen intervient alors qu'une visite du président français François Hollande serait prévue pour début juillet. Dans se contexte, les avocats d'associations islamiques ont estimé que des pressions ont été exercées sur le tribunal pour que les militantes de Femen soient jugées plus rapidement en appel. Me Seifeddine Makhouf a jugé que "des pressions exceptionnelles (ont été exercées) sur le ministère public pour fixer une audience le plus rapidement possible".

Inquiétudes pour Amina

Maintenant, les inquiétudes des avocats "se dirigent vers Amina que nous n'oublions pas, nous ne la laisserons pas croupir" en prison, ont ajouté Me Patrick Klugman et Ivan Terel. Amina Sbouï attend en détention provisoire de savoir si elle sera inculpée pour avoir peint le mot "FEMEN" sur le muret d'un cimetière à Kairouan (150 km au sud de Tunis) pour protester contre un rassemblement de la mouvance salafiste.

"On devrait en savoir plus dans les semaines à venir", a indiqué Me Bahri, qui la représente aussi. Si elle est inculpée, Amina risque deux ans de prison pour profanation de sépulture et six mois pour atteinte aux bonnes mœurs. Ces peines peuvent être considérablement alourdies si Amina est reconnue coupable d'avoir agi en bande organisée.

L'opposition laïque accuse régulièrement le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda de chercher à juguler la liberté d'expression et de viser à revenir sur les acquis des Tunisiennes.

Avec dépêches