Alors que le Brésil s'est qualifié pour les demi-finales de la Coupe des confédérations, les supporters sont partagés entre leur amour pour le football et la grogne sociale. De violents affrontements ont eu lieu en marge du match Brésil-Mexique.
L’heure n’était pas à la liesse populaire, mercredi 19 juin, aux abords du stade Castelao de Fortaleza qui accueillait le match Brésil-Mexique de la Coupe des confédérations. De violents affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des manifestants brésiliens, faisant au moins deux blessés, selon des journalistes de l’AFP présents sur place.
Près de 25 000 personnes se sont massées aux abords de l’enceinte sportive avant la rencontre pour protester contre la précarité des services publics et les milliards dépensés dans les stades de football pour le Mondial 2014. "Brésil réveille-toi, un professeur vaut plus que Neymar !", scandaient notamment les protestataires en faisant référence à l’attaquant de l’équipe nationale brésilienne, récemment transféré au FC-Barcelone pour 57 millions d'euros.
Le rassemblement a finalement dégénéré lorsque des manifestants ont tenté de forcer le barrage de police. Les forces de l’ordre ont alors riposté avec des gaz lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc.
Entre amour du foot et grogne populaire
Tiraillés entre leur passion pour la Seleçao et leur conscience sociale, les supporters brésiliens soutiennent les manifestations tout en justifiant les investissements pour la Coupe du Monde. "La manifestation est nécessaire, légitime, mais pas le jour du match. Normal que l’argent soit investi pour organiser ces événements et accueillir les étrangers", estime ainsi Carolina de Araujo, une photographe de 28 ans, interrogée par l’AFP. "Les Brésiliens ont profité de l’occasion et tout est sorti. On se taisait depuis 20 ans. Mais il y a maintenant une nouvelle génération plus éclairée", s’enthousiame pour sa part Paulo Roberto Cavalcado Morais, un investisseur de 40 ans.
Symbole de ce déchirement entre football et grogne populaire, le joueur vedette du Brésil, Neymar, auteur d’un but et d’une passe décisive lors de la victoire du Brésil sur le Mexique (2-0), a annoncé mercredi qu’il était solidaire du mouvement. Critiqué par les protestataires pour ses contrats mirobolants, il a répliqué sur son compte Instagram en dénonçant l’inaction du gouvernement : "Je suis triste de tout ce qui se passe actuellement au Brésil. J’ai toujours pensé qu’il ne devrait pas être nécessaire de descendre dans la rue pour réclamer de meilleurs conditions de transports, de santé, d’éducation et de sécurité. Tout ça, c’est le devoir du gouvernement."
En revanche, la légende vivante du football brésilien Pelé s’est attirée les foudres des manifestants en demandant de soutenir l’équipe nationale et de ne pas participer au mouvement de contestation. "Nous allons oublier toute cette confusion qui se passe au Brésil et nous allons penser que la sélection brésilienne est notre pays, est notre sang", a déclaré le triple champion du monde dans une vidéo. Ronaldo, une autre icône du pays, ambassadeur du Mondial 2014, avait déjà attisé la colère des Brésiliens, en affirmant cette semaine que "ce n’est pas avec des hôpitaux qu’on fait la Coupe du monde".
Face à la pression populaire, les municipalités de Sao Paulo et Rio de Janeiro ont finalement décidé mercredi de baisser les tarifs des transports en commun, l’une des principales revendications des manifestants. Malgré cette annonce, de nouveaux rassemblements sont prévus partout dans le pays jeudi et notamment à Rio, en marge de la rencontre Espagne-Tahiti au stade Maracana.
Avec dépêches