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Nouvelle manifestation à Sao Paulo, Dilma Rousseff joue l'apaisement

Quelque 50 000 Brésiliens ont de nouveau manifesté mardi soir à Sao Paulo. La présidente Dilma Rousseff reconnaît la nécessité d'améliorer les services publics et d'avoir une meilleure gouvernance à tous les niveaux.

Une semaine après le début des protestations au Brésil, la mobilisation ne faiblit pas. Malgré les tentatives d'apaisement de la présidente Dilma Rousseff, quelque 50 000 Brésiliens ont de nouveau manifesté mardi 18 juin au soir à Sao Paulo. Et la fronde s’est étendue comme une traînée de poudre à l’ensemble du pays. Dans une trentaine de villes, des manifestations ont également eu lieu, comme à Sao Gonçalo, près de Rio, avec 5 000 personnes, ou à Juazeiro do Norte (nord-est) où 8 000 protestataires ont empêché le maire de la ville de sortir d'une agence bancaire, mais aussi à Manaus et Florianopolis.

Les protestations ont parfois dégénéré. Un groupe de manifestants a ainsi mis le feu à un camion de transmission de la chaîne de TV Record, à une cabine de police et à une agence bancaire situés près de la mairie, a constaté l'AFP. Auparavant, des protestataires avaient tenté de forcer l'entrée de la mairie mais la police les a repoussés avec quelques tirs de gaz lacrymogènes. Des boutiques ont été saccagées et pillées et la façade récemment restaurée de l'Opéra a été taguée.

"Avant de construire des stades, il faut construire un pays meilleur"

Outre le prix du billet d'autobus et de métro, les manifestants s'insurgent contre les dépenses colossales de 11 milliards d'euros engagées par le Brésil pour le Mondial dans un an, alors que certains services publics comme la santé sont sinistrés. Face au mouvement, les municipalités de Porto Alegre, Recife et d'autres villes brésiliennes ont d’ailleurs déjà annoncé des réductions des prix des transports publics.

Selon nombre d’observateurs de la société brésilienne, la Coupe du monde de football qui doit se tenir au Brésil en 2014 a cristallisé l’indignation de la rue envers les stades et installations extrêmement coûteuses mises en place par le pays. "Ici, c'est le pays du football et du carnaval. Mais que deviens le peuple. Il est où le peuple ?", s’indigne ainsi  Edison au micro des reporters de FRANCE 24. "L'année prochaine, c'est la Coupe du monde. Tout le monde va venir ici. Alors il faut que les gens sachent comment c'est le Brésil, dans quel pays on vit", s’exclame cet autre habitant de Sao Paulo. Pour Luana, 17 ans, "il faut plus d'éducation". "Avant d'investir dans le foot, avant de construire des stades, il faut construire un pays meilleur", confie-t-elle.

Dilma Rousseff tente de désamorcer la crise

De son côté, la Dilma Rousseff s'est employée mardi à désamorcer le vaste mouvement de protestation qui secoue le pays, en reconnaissant la nécessité d'améliorer les services publics et d'avoir une meilleure gouvernance à tous les niveaux. Pour trouver une solution, la présidente brésilienne a notamment rencontré son mentor, l’ancien président Lula. Mais aucune information n’a filtré à l’issue de cet entretien

S'exprimant mardi au lendemain d'une grande journée de manifestations, lors de laquelle 200 000 Brésiliens sont descendus dans les rues d'une demi-douzaine de villes, elle a assuré que le gouvernement demeurait attaché à des réformes sociales et écoutait avec attention les doléances exprimées par les manifestants. "Le Brésil s'est réveillé plus fort aujourd'hui", a ainsi estimé Dilma Rousseff dans un discours à Brasilia, retransmis par la télévision. Et d'ajouter: "L'ampleur des manifestations d'hier illustre la vigueur de notre démocratie, la puissance de la voix de la rue et la civilité de notre population".

Jusqu’à aujourd’hui, Dilma Rousseff a toujours été très populaire, en particulier parmi les pauvres et la classe ouvrière, mais sa cote de popularité a commencé à décliner au cours des dernières semaines pour la première fois depuis sa prise de fonction en 2011.

La journée de jeudi 20 juin s’annonce également sensible. Des marches sont prévues dans plusieurs villes du pays, notamment à Rio, où elle coïncidera avec le match Espagne-Tahiti comptant pour la Coupe des confédérations qui se dispute jusqu'au 30 juin. Des joueurs de la "Seleçao" brésilienne - Dani Alves, Hulk et David Luiz - ont exprimé leur solidarité avec "le peuple".

Avec dépêches