logo

Deux jours après l'intervention des forces de l'ordre dans le parc Gezi à Istanbul pour évacuer les manifestants opposés au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, la chancelière allemande se dit "épouvantée" par la répression policière.

"Je suis épouvantée, comme beaucoup de gens", a déclaré, lundi 17 juin, Angela Merkel, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision allemande RTL. La chancelière allemande parle en ces termes de l'intervention de la police turque dans le parc Gezi à Istanbul, samedi 15 juin, pour évacuer les manifestants anti-Erdogan. "Il y a eu des images effrayantes, sur lesquelles on pouvait voir que l'on a réagi de façon beaucoup trop dure, selon moi", a-t-elle indiqué dans cette interview qui doit être diffusée dans la soirée.

"J'aimerais que ceux qui formulent des critiques, qui ont des opinions différentes et une autre conception de la société, puissent trouver leur place dans la Turquie du XXIe siècle, a-t-elle ajouté. Ce qui se passe en Turquie actuellement n'est pas conforme à notre conception de la liberté de manifester ou de la liberté de parole."

600 arrestations

Signe de la grande fermeté des autorités turques, 600 personnes ont été arrêtées dimanche à Istanbul, mais aussi à Ankara, selon les services de police de ces deux villes. "Environ 460 manifestants ont été interpellés par la police à Istanbul hier (dimanche)", a souligné à l'AFP un responsable du barreau d'Istanbul sous couvert d'anonymat. Parmi eux, des médecins et des infirmières pour avoir soigné des manifestants, dénonce le syndicat des médecins turcs. Après leur interrogatoire, ces personnes seront remises en liberté ou déférées devant un procureur. La police peut procéder à quatre jours de garde à vue selon la loi turque.

Tout au long de la journée de dimanche, la police antiémeute a repoussé les manifestants à grand renforts de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Le collectif Solidarité Taksim, principale coordination de la contestation, évoque des "centaines" de blessés. Le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu parle, lui, de moins d'une cinquantaine. Selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs publié plus tôt dans la semaine, 4 personnes sont mortes et près de 7 500 autres ont été blessées depuis le 31 mai.

Appel à la grève lundi de deux syndicats "interdit"

De son côté, le ministre turc de l'Intérieur Muammer Güler juge "illégal" l'appel à la grève de deux syndicats pour soutenir le mouvement de contestation et affirme que toute manifestation sera réprimée. "Il y a une volonté de faire descendre les gens dans la rue par des actions illégales comme un arrêt de travail et une grève", a-t-il déclaré, ajoutant que les forces de l'ordre "ne le permettront pas".

Comme elles l'ont déjà fait le 5 juin dernier, ces deux organisations classées à gauche, rejointes par trois syndicats de médecins, de dentistes et d'ingénieurs, avaient prévu de mobiliser à partir de 16 heures (13 heures GMT) des milliers de militants dans les rues d'Istanbul, avec l'objectif de marcher sur la place Taksim, laissant augurer de nouvelles violences.

Avec dépêches