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Présidentielle iranienne : "Le Mouvement vert est toujours vivant"

Quatre ans après la présidentielle contestée de 2009, les Iraniens votent ce vendredi afin de désigner un nouveau président. FRANCE 24 a interrogé Ardeshir Amir Arjomand, porte-parole du Mouvement vert, pour comprendre ce qui se joue en Iran.

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Les Iraniens doivent choisir, vendredi 14 juin, un successeur à Mahmoud Ahmadinejad lors d'une élection présidentielle que le camp réformateur entend remporter face à des conservateurs divisés. Pour comprendre ce qui se joue dans la République islamique, FRANCE 24 a interrogé Ardeshir Amir Arjomand, conseiller de l'ancien candidat à la présidentielle iranienne de 2009, Mohamed Hossein Moussavi, aujourd'hui en résidence surveillée. Il est également porte-parole du Mouvement vert, né au moment de la contestation de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en 2009 après des accusations de fraudes et sévèrement réprimé par la suite.

Quel est l’enjeu de cette élection présidentielle ? Les Iraniens s’attendent-ils à du changement ?
Ardeshir Amir Arjomand : L’enjeu est grand car le sort du pays en dépend. Le peuple iranien essaye de profiter de cette occasion afin de pouvoir, éventuellement, choisir un président qui pourrait changer la situation. Notamment la situation économique qui est catastrophique. Toutefois, les Iraniens vont voter tout en sachant qu’il y a un fort risque de fraude. Il faut attendre les résultats de cette présidentielle pour voir si une nouvelle fraude électorale a eu lieu, et si c’est le cas, j’espère que le peuple iranien résistera contre l’injustice.
La donne pourrait changer en Iran si le modéré Hassan Rohani, qui est soutenu par une partie des réformateurs, est élu ?
A.A.A : L'ex-président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani était le seul candidat qui aurait pu changer la politique du pays et résister à Ali Khamenei [le Guide suprême de la République islamique, NDLR], mais il a été évincé de la présidentielle. Désormais, il n’y a pas de grand espoir de changement. Si Hassan Rohani est élu ou si, au moins, il accède au deuxième tour de la présidentielle, cela sera synonyme d’un grand échec pour le guide Khamenei. Cependant, même s’il a reconnu les principales revendications du Mouvement vert en évoquant le cas des prisonniers politiques, la situation des femmes et la liberté des partis politiques, Hassan Rohani n’a ni la base populaire ni le profil nécessaires pour pouvoir changer radicalement la situation en Iran.
Que reste-t-il du Mouvement vert ? A-t-il encore un avenir ?
A.A.A : En 2009, au moment du coup d’État, Mir Hossein Moussavi a résisté, c’était même la première fois que quelqu’un résistait de cette manière. Les fruits de cette résistance résident aujourd’hui dans l’espoir qu’il a créé chez le peuple iranien. Ainsi, cela fait quatre ans que l’on dit que le Mouvement vert est fini. Mais, aujourd’hui, on peut constater à quel point il est vivant et présent partout en Iran, puisqu’une partie de ceux qui soutiennent la candidature de Hassan Rohani sont des activistes de ce mouvement. Si ce dernier est élu, il devra tout faire pour que Mir Hossein Moussavi, toujours emprisonné avec sa femme, soit libéré le plus tôt possible, même si le dernier mot reviendra au Guide Khamenei qui s’y oppose.