
En état de faillite, le régime iranien aurait préparé des mesures drastiques pour sauvegarder le secteur bancaire du pays, selon Amir Hossein Jahanshahi, un opposant en exil, qui se base sur des documents présentés comme secrets.
Le régime iranien s’apprête à prendre, après l’élection présidentielle du 14 juin, des mesures drastiques pour éviter l’effondrement total du secteur bancaire du pays, a affirmé au cours d’une conférence de presse, mercredi 12 juin, à Paris, Amir Hossein Jahanshahi, le responsable de la Vague verte, un mouvement d'opposition en exil.
Ce dernier base ses accusations sur des documents distribués et présentés aux journalistes comme étant secrets et émanant du pouvoir à Téhéran. Toutefois, leur authenticité ne peut être établie par FRANCE 24. Ainsi, au bord de la faillite économique en raison des sanctions financières occidentales, le pouvoir iranien envisage notamment, selon l'opposant, de taxer 20 % des comptes courants des Iraniens et de placer l’ensemble du système bancaire sous le contrôle des Gardiens de la révolution, le bras armé du régime.
Un système bancaire au bord de la banqueroute
Dans l'un des quatre documents, figure un rapport présenté comme émanant du gouverneur de la Banque centrale iranienne Mahmoud Bahmani, et daté du 4 avril 2013, qui fait état d'une menace imminente d'effondrement économique du pays. "Le système bancaire est confronté à une double crise du crédit et des liquidités, des taux d'intérêt négatifs, et un manque de capital. Le ralentissement de l'économie déstabilise encore davantage le système et conduit les banques à être complètement dépendantes de la Banque centrale.
Or les carences budgétaires de la Banque centrale, l'empêchent de soutenir les banques, et devraient conduire à la faillite de la plupart d’entre elles, qui seront incapables de rembourser l'argent déposé sur les comptes", est-il écrit dans le rapport remis, selon l’opposant iranien, au Guide suprême de la révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.
Le document évoque une somme de 40 milliards de dollars qui serait nécessaire à la Banque centrale pour financer les banques iraniennes en 2013. Un montant, équivalent aux exportations annuelles de pétrole de l’Iran selon le journal "Les Échos", dont elle ne dispose pas à ce jour. En réponse au signal d’alarme émis par le gouverneur de la Banque centrale iranienne, un autre document, daté du 10 avril et présenté comme émanant du bureau du Guide suprême, préconise une série de mesures pour faire face au risque d'effondrement économique, dont une taxe de 20% sur les comptes bancaires des citoyens, la mise en place d'un système de rationnement alimentaire et la nationalisation des principales entreprises privées.
Éviter tout risque d’émeutes
Ces mesures draconiennes sont accompagnées de décisions sécuritaires visant à empêcher un "bank run", c'est-à-dire que tous les clients se précipitent dans leur banque pour retirer leur argent, et éviter tout risque d’émeutes et de vague de protestation contre le pouvoir. Ainsi, les forces de maintien de l’ordre du régime seront déployées devant les agences bancaires et l'ensemble du système bancaire sera placé sous le contrôle des Gardiens de la révolution
"Le régime est à genoux, a martelé Amir Hossein Jahanshahi, et il prévoit que cette faillite soit payée par le peuple iranien, alors que c'est ce même régime qui a provoqué cette situation, en finançant des mouvements terroristes comme le Hezbollah et en tentant de se doter de la bombe atomique".
L'Iran a perdu 50% de ses revenus pétroliers en 2012 par rapport à 2011 en raison des sanctions internationales qui frappent le pays à cause de son programme nucléaire, selon le gouvernement. Celles-ci touchent les exportations pétrolières, de produits pétrochimiques et raffinés, la Banque centrale, les assurances ou encore le transport maritime. En outre, l'inflation dépasse officiellement les 30% et la valeur de la monnaie nationale s'est dépréciée de près de 80% en un an et demi et ses banques sont en grande partie coupées des circuits financiers internationaux.
"J'ai décidé de publier ces documents parce qu'ils concernent la vie de tous les Iraniens, témoignent de la situation catastrophique du pays et du complot préparé par le régime après les élections", a expliqué Amir Hossein Jahanshahi, le fondateur de la Vague verte. Il affirme avoir mis la main sur ces documents grâce à des personnes "toujours présentes dans le pays, et en poste dans les hautes sphères du régime théocratique".
"Pendant la campagne pour l'élection présidentielle, j'attendais que les candidats disent la vérité sur la catastrophe économique qui attend le peuple iranien, mais le sujet a été occulté, c'est pour cela que j'ai décidé de publier ces documents", a indiqué Amir Hossein Jahanshahi, pour justifier sa démarche à 48 heures du scrutin présidentiel iranien.