Les aiguilleurs du ciel, qui s'opposent à un projet de libéralisation du trafic aérien voulu par Bruxelles, sont en grève. Le ministre des transports a annoncé que le préavis de grève, initialement prévu jusqu'au 13 juin, a été levé pour jeudi.
La grève des aiguilleurs du ciel a entraîné ce mardi l’annulation d’un quart des vols prévus en France. Le préavis initialement déposé jusqu'à jeudi a été levé pour la journée de jeudi 13 juin. C’est le ministre des Transports, lui-même, Frédéric Cuvillier, qui l’a annoncé ce mardi sur LCP, la chaîne télévisée parlementaire. Une annulation plaidée par Paris et Berlin devant la Commission européenne pour remettre à plus tard le projet de libéralisation du contrôle aérien.
"Même si le compte n'y est pas, le SNCTA a décidé dans un esprit d'apaisement et de dialogue, de lever son préavis pour la seule journée du 13 juin", a confirmé dans son communiqué le syndicat, qui "maintient son préavis pour la journée du 12 juin". Et d’ajouter, "le SNTCA constate avec satisfaction l'évolution encourageante des positions du gouvernement notamment sur le dossier européen", a-t-il poursuivi.
C’est la proposition de modification du règlement ciel unique, dit "ciel unique 2", initié par la Commission européenne, qui a déclenché la colère des syndicats des contrôleurs aériens.
Les syndicats contre Bruxelles
L'USAC-CGT, premier syndicat de la DGAC, a appelé tous les contrôleurs aériens à la grève. Ce préavis, déposé en coordination avec d'autres syndicats français.
Les syndicats des aiguilleurs du ciel ne veulent pas du projet de libéralisation du contrôle aérien présenté au Parlement européen. Ils dénoncent "les conséquences des contraintes européennes" d’un projet visant à créer un "ciel unique" européen.
Ce projet, lancé il y a une dizaine d'années, a pour objectif de supprimer les frontières nationales dans les airs, tripler la capacité de l'espace aérien, réduire les coûts de gestion du trafic de 50% et réduire de 10% les incidences sur l'environnement. Mais il patine depuis son lancement en raison des réticences, voire du blocage, de nombreux États membres.
Paris et Berlin opposés au projet
Alors que le commissaire européen aux Transports, Siim Kallas, a présenté mardi après-midi des propositions pour relancer cette réforme, le ministre français des Transports, Frédéric Cuvillier, a indiqué à la mi-journée qu'il avait demandé, en accord avec Berlin, de surseoir au projet. Il a notamment expliqué que Paris ne souhaitait pas aller vers une "séparation des fonctions de régulation et de contrôle", comme le prévoit le projet.
L'espace aérien de l'UE, qui compte 440 aéroports, est divisé en 650 secteurs. il comprend 60 centres de contrôles du trafic aérien gérés par 27 systèmes nationaux. Conséquence de cette fragmentation, les distances à parcourir sont plus longues car les contrôleurs ne sont pas en mesure de gérer plus d'un certain nombre de vols en même temps.
Crainte de privatisation des services
"Ce qui nous pose problème, ce n'est pas le principe des règlements ‘ciel unique’ qui visent à harmoniser la gestion de la navigation au niveau européen", a expliqué à l'AFP Olivier Joffrin, responsable de l'Usac-CGT. "Ce qu'on n'accepte pas ", a-t-il poursuivi, "c'est que la Commission utilise ce biais pour privatiser, et pousser à la libéralisation d'un certain nombre d'activités". Il a cité notamment les services qui s'occupent de l'entretien et de la maintenance des antennes radars, qui "sont clairement les yeux et les oreilles des contrôleurs".
Pour Olivier Joffrin, externaliser de tels services présente un risque si la "chaîne de sécurité est complètement démantelée". En outre, les salariés de certains services, subissent "des menaces directes sur leur statut et leurs conditions d'emploi".
Trafic perturbé
La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé à plusieurs compagnies aériennes de réduire leur programme de vols de 50% sur ces trois jours, dans certains aéroports : Roissy, Orly, Beauvais, Lyon, Nice, Marseille, Toulouse et Bordeaux. D'autres sites ont également été touchés, certains fermant leurs portes comme Tarbes, Montpellier ou Perpignan, indique la DGAC.
Selon les données recueillies par l'AFP, les taux d'annulation allaient de 30% à 50% dans la plupart de ces aéroports. De son côté, la DGAC a fait état de 1 800 vols annulés mardi en France sur les 7 650 programmés.
Avec dépêches