
Selon les premiers résultats de l'autopsie, Clément Méric, agressé par des skinheads, est décédé des coups qui lui ont été portés au visage et non du choc contre un plot. Cinq personnes, proches de l’extrême droite, sont toujours en garde à vue.
Le jeune militant d'extrême gauche Clément Méric, agressé mortellement après une bagarre mercredi 5 juin à Paris avec des skinheads, est décédé des suites de plusieurs coups qui lui ont été portés, et non du choc sur un plot métallique, ont révélé les premiers résultats de l'autopsie.
Il n'est en revanche pas démontré en l'état des investigations que les coups aient été portés avec un coup de poing américain, comme l'ont évoqué de nombreux témoins.
Le procureur de la République de Paris, François Molins, tiendra une conférence de presse samedi à 11H00 au palais de justice, ont indiqué ses services.
Les Jeunesses nationalistes révolutionnaires nient leur implication
Dans le cadre de son enquête, la police a entendu pendant deux heures, vendredi 7 juin, Serge Ayoub, le chef du groupuscule d'extrême droite des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). À sa sortie d’un commissariat du XVIIe arrondissement de Paris, ce dernier a déclaré que les personnes interpellées "ne faisaient pas partie des JNR".
Également leader de la Troisième Voie, organisation dont les JNR assurent le service d'ordre, Serge Ayoub, alias "Batskin", avait démenti, jeudi, toute implication de son groupe dans la bagarre qui a entraîné la mort à 18 ans de Clément Méric.
Interrogé par l’AFP, le leader des JNR a rejeté la responsabilité de cet affrontement avec le militant antifasciste, affirmant qu’il avait "eu le temps de se renseigner". Selon lui, les skinheads présents lors de l’agression sont "des jeunes qui ont le malheur d'avoir les cheveux trop courts et une marque de blouson qui déplaît à d'autres".
Serge Ayoub a assuré que les membres de son groupe ont " été pris à partie par cinq militants d'extrême gauche qui leur ont promis de les massacrer à la sortie" d’une vente privée dans le quartier de la gare Saint-Lazare.
"La sécurité est descendue pour demander aux jeunes d'extrême gauche de s'en aller. Au bout d'une demi-heure d'attente, la sécurité leur a proposé [aux autres jeunes, NDLR] de descendre en disant que cela s'était calmé, a-t-il ajouté. Quand ils sont descendus dans la cour - la vente se situait dans les étages -, les jeunes d'extrême gauche les attendaient. La sécurité est sortie une deuxième fois pour les accompagner dehors."
"Un peu plus loin dehors, ces cinq jeunes hommes les attendaient encore. À ce moment-là, les jeunes d'extrême gauche ont porté les premiers coups, en tout cas il y a eu une bousculade", a raconté cette figure du mouvement skinhead.
Poursuite des gardes à vue
Cinq personnes de 19 à 32 ans, dont une femme et plusieurs proches des JNR ainsi que de la Troisième Voie, sont toujours en garde à vue dans l’enquête sur la mort de Clément Méric. Un homme a été libéré, vendredi, en milieu de journée, tandis que deux autres ont été relâchés dans l’après-midi.
L’un de ses suspects, un skinhead de 20 ans, avait été arrêté jeudi en banlieue parisienne. "Tout le monde le connaissait avec son crâne rasé, ses blousons en cuir, ses treillis et ses tatouages, mais à part ça, il n’était pas connu pour des faits de délinquance", a expliqué à son sujet le maire d’une commune de l’Aisne où il a grandi.
Selon RTL, deux des suspects ont reconnu avoir frappé la victime. Ils démentent cependant avoir utilisé un poing américain lors de cette bagarre.
Avec dépêches