
Cinq jours après l’agression à l’arme blanche d’un militaire à La Défense, le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, affirme, jeudi dans "Libération", que la traque sur Internet doit être une priorité pour lutter contre le terrorisme.
Comment lutter contre l’"ennemi de l’intérieur " ? Pour Manuel Valls, "la traque sur Internet" est l’une des pistes à privilégier pour répondre à "l’auto-radicalisation" d’individus qui "agissent seuls" et non au sein d’un groupe structuré basé à l’étranger, affirme le ministre français de l’Intérieur dans une interview accordée jeudi 30 mai au journal "Libération".
"Internet est devenu un vecteur de propagande, de radicalisation et de recrutement pour le terrorisme d'inspiration djihadiste. C'est également un lieu d'échange pour les terroristes", souligne le ministre de l’Intérieur. Il faut donc détecter "au plus tôt les signaux de radicalisation".
Pour le locataire de la place Beauvau, "des signaux peuvent alerter lorsqu'ils convergent : rupture dans les parcours individuels, changements brutaux de comportement, radicalisation du discours, coupure avec l'environnement familial ou professionnel. Il est essentiel de savoir capter ces signes avant-coureurs".
Alexandre D. un profil différent de celui de Merah
Alexandre D., qui a reconnu l’agression à l’arme blanche d’un soldat à la Défense le 25 mai, présentait il des signes avant-coureurs d’un passage à l’acte ? Ce "Gaulois pure souche" selon un policier, converti à l’islam il y a quatre ans, avait été contrôlé en 2009 lors d'une prière de rue à Maurepas, dans les Yvelines, en région parisienne.
"À part cette prière de rue, il n'y a pas d'autre élément pouvant laisser croire à sa dangerosité", a précisé mercredi le directeur de la police judiciaire Christian Flaesch.
Car contrairement à Mohamed Merah, auteur présumé des tueries de Toulouse et Montauban en mars 2012, le jeune homme de 22 ans, rebaptisé Abdelhak à ses 18 ans, "connu pour de petits délits" n’avait cependant pas de casier judiciaire. En 2006 et 2007, l'adolescent fait l'objet de rappels à la loi pour "un port illégal d'arme, un vol avec effraction, un vol avec violences et une violation de domicile", précise le journal "Le Monde". Il fait cependant l’objet d’un "suivi éducatif" par un juge des enfants pour refus de l’autorité parentale.
En "rupture familiale" et "sans domicile fixe connu" ces dernières années, Alexandre D. refusait également de cotoyer les femmes, selon la radio RTL.
Signalé dans une note de la Sous-direction de l'information générale
Le 20 février, Alexandre D. avait toutefois été "signalé" comme "se radicalisant" par une note de la Sous-direction de l'information générale (Sdig, ex-RG) des Yvelines. D’après les informations du journal "Le Monde", "les destinataires, et en particulier le bureau de liaison avec la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, chargée des radicaux), n'ont pas donné suite".
Interrogé sur ce dysfonctionnement apparent entre le Sdig et la DCRI, le ministre de l'Intérieur reconnaît dans les colonnes de "Libération" que des "erreurs d'appréciation ou d'analyse existent" tout en précisant que "le renseignement, c'est avant tout la difficulté de bien cerner des individus" aux profils "hybrides et opportunistes".
"Ni Mohamed Merah ni les auteurs de ce meurtre atroce à Londres n’avaient commis, en France ou en Grande-Bretagne, des actes criminels. Il y a actuellement en France une centaine d’individus susceptibles de basculer dans l’action et plusieurs centaines d’individus radicalisés", insiste-t-il.
"L'utilisation des sources humaines a permis à plusieurs reprises de déjouer des complots terroristes. Comme le risque zéro n'existe pas, cela veut dire qu'il faut pousser l'analyse sur chaque individu qui représente un danger potentiel", conclut Manuels Valls.