Mohamed al-Megaryef a présenté mardi sa démission de la présidence du Congrès général national. Cette décision fait suite à l'adoption d'une loi de bannissement politique des anciens collaborateurs de Mouammar Kadhafi.
Mohamed al-Megaryef a présenté mardi 28 mai sa démission à l'Assemblée nationale, indiquant se conformer ainsi à une loi sur le bannissement politique des anciens collaborateurs de l'ancien régime adoptée le 5 mai et qui doit entrer en vigueur en juin. "Tout le monde doit s'assujettir à la loi, par respect de la légalité et de la démocratie. Je vais être le premier à me conformer à la loi et je vous soumets ma démission", a-t-il déclaré au cours d'une session plénière du Congrès général national (CGN). "Je vous quitte la tête haute, la conscience tranquille", a-t-il ajouté, visiblement ému, affirmant avoir "épuisé toute son énergie au service de la nation".
Le Congrès doit toutefois encore valider la démission de Mohamed al-Megaryef avant qu'elle ne prenne effet, a indiqué un membre du CGN, précisant qu'un nouveau président devrait être élu dans les prochains jours.
Ambassadeur de Kadhafi en Inde dans les années 1980
Élu en août 2012 à la tête du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique de Libye, Mohamed al-Megaryef s'est donc plié à la loi malgré des dizaines d'années passées dans l'opposition et en exil. Car avant de s'oppposer au Guide, il a été ambassadeur en Inde sous le régime de Mouammar Kadhafi durant les années 1980.
La loi controversée qui écarte de la vie politique les personnalités ayant occupé des postes de responsabilité sous l'ancien régime, depuis le 1er septembre 1969, date d'arrivée au pouvoir de Mouammar Kadhafi, jusqu'à la chute de son régime en octobre 2011 a été adoptée sous la pression de miliciens armés. Le texte doit entrer en vigueur le 5 juin et concerne aussi d'autres membres du CGN ainsi que des ministres et cadres de l'administration.
Né en 1940 à Benghazi, Mohamed al-Megaryef a passé 31 ans en exil dont une vingtaine comme réfugié politique aux États-Unis, avant de rentrer au pays dans la foulée de la révolte qui a mis fin au règne de Kadhafi. Diplômé en économie et titulaire d'un doctorat en Finances de Grande-Bretagne, il a fondé dans les années 1980 avec d'autres dissidents le Front de salut national libyen (FSNL) qui a tenté plusieurs coups d'État contre l'ex-dictateur. Durant son exil, il a été traqué par les services de renseignement de Mouammar Kadhafi qui avaient lancé une campagne dans les années 1980 visant à liquider des opposants dans plusieurs pays arabes et occidentaux.
FRANCE 24 avec dépêches