Haddile, une fillette de trois ans née en Suède d’une mère franco-algérienne qui l’a abandonnée à la naissance, est réclamée par ses parents biologiques qui vivent aujourd’hui en Algérie. Mais sa famille d’accueil suédoise souhaite la garder.
La petite Haddile Khemice pourra rester deux années de plus dans sa famille d’accueil à Broby, dans le sud de la Suède. La fillette, née d’une mère franco-algérienne qui l’a abandonnée après la naissance, est aujourd’hui réclamée par ses parents biologiques tandis que sa famille d’accueil refuse de la voir partir.
L’agence des migrations suédoise a justifié sa décision de prolonger le droit de séjour de la petite fille dans un communiqué : "L'intention et le but sont de mettre sur pied une réunion entre Haddile et ses parents biologiques. De plus, nous nous assurons que la famille dans laquelle vit Haddile puisse la soutenir pendant ce processus". La garde de cette fillette a fait l’objet de nombreux revirements depuis sa naissance, il y a presque trois ans.
En juin 2010, sa maman, une Franco-Algérienne, accouche à Lund, dans le sud de la Suède. Se disant menacée par ses proches en Algérie, elle demande l’asile mais se voit imposer un refus des autorités suédoises. Elle confie alors son bébé à un ami, deux semaines après la naissance, et quitte le pays. L’homme en question, qui maltraite la fillette, ne la gardera pas longtemps : elle est placée en famille d’accueil par les services sociaux à l’âge de quelques semaines.
Une expulsion vers la France annulée
Mais en 2012 déjà, Haddile a failli quitter sa famille d’accueil. En juin, l’agence suédoise des migrations décide de l’expulser vers la France, estimant qu’elle pourra plus facilement reprendre contact avec sa mère biologique une fois sur le sol français. Une vague de protestations s’élève alors en Suède où l’affaire a un fort retentissement – des milliers de Suédois ont signé des pétitions pour que la petite fille reste dans leur pays. L’expulsion est finalement suspendue par le tribunal des migrations de Malmö, après que la mère biologique s’est manifestée et a déclaré vivre en Algérie et non pas en France.
Malgré la décision du tribunal, celle-ci souhaite toujours récupérer son enfant. Au mois de novembre 2012, des tests ADN confirment que les parents biologiques sont bien deux Franco-Algériens qui habitent en Algérie. Avant de prendre toute décision d’expulsion vers l’Algérie, la Suède leur demande alors de venir voir leur fille chez sa famille d’accueil, à Broby.
Plusieurs mois plus tard, la rencontre n’a toujours pas eu lieu et la famille d’accueil est réticente à l’idée de voir Haddile s’en aller. Interrogée par le quotidien "Göteborgs-Posten", la femme qui a élevé Haddile argue que la petite fille commence à parler suédois, et craint de la voir partir "vers un autre pays, chez des gens qui lui sont complètement étrangers". La nouvelle décision de l’agence des migrations va dans son sens, accordant deux ans supplémentaires pour que la transition entre les deux familles se fasse dans les meilleures conditions.
Mais la famille d’accueil a prévenu que si le courant ne passait pas entre Haddile et ses parents biologiques, elle demandera "un droit de séjour permanent" en Suède pour la petite fille.