Environ 60 personnes ont péri et 180 autres ont été blessées lundi dans l'explosion de plusieurs véhicules piégés dans la capitale irakienne. L'Irak est en proie à une flambée de violence depuis plusieurs mois entre sunnites et chiites.
Des attentats à Bagdad et dans le nord de l'Irak ont fait auenviron 60 morts lundi, dans un contexte de recrudescence des violences qui fait craindre une résurgence du conflit entre sunnites et chiites.
En deux mois, les violences ont fait près d'un millier de morts, selon des données compilées par l'AFP à partir des informations fournies par des sources de sécurité et médicales.
Lundi, le pays a été frappé par 19 attaques, dont plus d'une dizaine d'attentats à la bombe visant essentiellement des quartiers chiites à Bagdad et dans les environs de la capitale, faisant environ 60 morts et 180 blessés, ont annoncé des responsables des services médicaux et de sécurité.
Plus au nord, dans la province contestée de Kirkouk, un membre d'une milice anti Al-Qaïda et un gérant de générateurs privés ont été tués lors de deux attaques à main armée isolées, tandis qu'une bombe sur la route a tué un officier de police à Mossoul.
Ces violences interviennent en pleines tensions confessionnelles, la minorité sunnite se mobilisant depuis des mois pour dénoncer avec force sa marginalisation par le gouvernement dirigé par les chiites.
Au quotidien, les sunnites estiment que cette stigmatisation s'exprime en particulier dans l'utilisation systématique de l'arsenal législatif anti-terroriste à leur encontre.
Le gouvernement a certes lâché du lest depuis le début de leur mouvement en libérant des prisonniers et en augmentant le salaire des milices sunnites anti-Al-Qaïda, mais sur le fond, il ne s'est pas attaqué aux racines sociales de la frustration sunnite.
Et ce mécontentement alimente les violences: attentats à la bombe contre des mosquées chiites et sunnites, des marchés bondés ou des pèlerins chiites, ou encore assassinats ciblés se multiplient.
Bagdad avait déjà été touchée ces dernières semaines par une série d'attentats à la bombe meurtriers, souvent contre des zones chiites.
Lundi, deux voitures piégées ont en particulier explosé près d'un terrain utilisé par des vendeurs de voitures d'occasion dans le quartier de Habibiyah, détruisant des dizaines de voitures non loin du stade où l'équipe nationale de football recevait le Liberia en match amical.
"Il y a des gardes ici, et une voiture explose ici", a crié Fadhel Hanoun, l'un des vendeurs de voitures, se lamentant pour les personnes ayant perdu la vie mais aussi pour celles qui en perdant leurs voitures, ont perdu toutes leurs économies.
"L'Etat est en échec", a-t-il ajouté.
"Les postes de contrôle, ils ne contrôlent en rien les voitures qui entrent ici", a dénoncé un autre homme, pleurant et criant, à propos des contrôles mis en place pour les véhicules pénétrant sur le terrain.
Les attaques n'ont pas été revendiquées dans l'immédiat, mais les séries d'explosions coordonnées sont souvent le fait des insurgés sunnites liés à Al-Qaïda, qui prennent régulièrement pour cible des chiites, cherchant à déstabiliser le pays en ravivant les haines confessionnelles.
Ces attaques alimentent aussi la crainte de voir le conflit en Syrie voisine, où le pouvoir dominé par les alaouites, issus du chiisme, est confronté à une rébellion majoritairement sunnite, aggraver la crise irakienne.
Les forces irakiennes ont engagé samedi une vaste opération, qui se poursuivait lundi, contre des activistes sunnites dans le désert de l'ouest du pays, avec un déploiement de troupes le long de la frontière syrienne.
Malgré leur récente intensité, avec des attentats quasi-quotidiens, les violences en Irak restent encore loin du pic atteint dans années 2006-2007, quand elles faisaient plus d'un millier de morts chaque mois.
AFP