Plusieurs villes défavorisées de la banlieue de Stockholm ont été le théâtre de violences, vendredi, pour la sixième nuit consécutive. Des véhicules ont été incendiés malgré l'envoi de renforts de police.
Plusieurs véhicules ont de nouveau été la proie des flammes au cours de la sixième nuit consécutive d'incidents dans les quartiers pauvres de la banlieue de Stockholm, où la tension semble cependant avoir diminué d'intensité.
Un photographe de l'AFP a été le témoin de l'embrasement d'un véhicule avant l'arrivée des pompiers dans le quartier de Tensta. Des véhicules ont également été brûlés dans trois autres quartiers de la capitale suédoise, selon l'agence de presse suédoise TT.
Les incidents se sont cependant brièvement étendus vendredi soir jusqu'à Oerebro, situé à 160 km à l'ouest de Stockholm. Dans cette ville d'importance moyenne, la police a fait état d'un incendie dans une école, ainsi que de ceux de plusieurs véhicules, mais le calme semblait être revenu vers minuit (22H00 GMT).
Ces incidents, qui ont lieu chaque nuit depuis près d'une semaine dans les quartiers pauvres de la banlieue de Stockholm à forte population étrangère, semblent avoir diminué d'intensité à la suite de l'arrivée de forces de police supplémentaires. Un porte-parole de la police, Kjell Lindgren, avait affirmé vendredi qu'elle attendait "des renforts en provenance de Göteborg et Malmö", deuxième et troisième villes de Suède, sans préciser leur nombre.
Les patrouilles auxquelles ont participé des parents des jeunes de banlieue et des volontaires d'associations d'habitants ont contribué à faire baisser la tension, a estimé M. Lindgren.
Chômage et racisme
Plus d'une douzaine de véhicules avaient été brûlés dans la nuit de jeudi à vendredi tandis que des départs d'incendies, rapidement maîtrisés, se déclaraient dans trois écoles et un commissariat de police des quartiers pauvres de la banlieue de Stockholm. Les pompiers ont fait état sur Twitter de 70 interventions dans la nuit de jeudi à vendredi pour éteindre des incendies de voitures, bennes ou bâtiments.
M. Lindgren a annoncé treize interpellations de personnes âgées de 17 à 26 ans et précisé qu'il n'y avait pas eu de blessés. La police, concentrée jusqu'à présent sur les incendies, a commencé à repérer les personnes soupçonnées d'avoir commis des actes criminels, selon TT.
"Même si nous n'intervenons pas, nous faisons régulièrement des enregistrements video et obtenons des informations auprès du public. Nous pouvons ainsi appréhender les personnes (repérées) deux ou trois jours plus tard", a dit un autre porte-parole de la police Lars Bystroem.
Un jeune homme affirmant avoir participé aux émeutes, et identifié par la radio publique SR sous le pseudonyme de Kim, a dit avoir agi par révolte contre le chômage et le racisme touchant ces quartiers, comme celui de Husby.
"On a brûlé des voitures, jeté des pierres sur la police, sur les voitures de police. Mais c'est une bonne chose, parce que maintenant les gens savent où est Husby (...) C'est la seule manière de se faire entendre", a-t-il déclaré. Les policiers de Södertälje, ville de la banlieue de Stockholm, ont rapporté avoir été caillassés.
Le chef de la police du comté de Stockholm Mats Loefving a déclaré vendredi à la radio suédoise que les émeutiers étaient des jeunes avec ou sans passé de délinquant. "Et au milieu de tout cela, il y a un petit groupe de criminels professionnels qui profitent de la situation pour commettre des crimes comme ceux-là", a-t-il expliqué.
D'après SR, les trois grandes compagnies d'assurance en Suède, If, Folksam et Trygg-Hansa, ont reçu chacune des demandes d'indemnisation pour 20 à 30 véhicules brûlés atteignant des "millions" de couronnes (des centaines de milliers d'euros).
Ces violences ont provoqué un débat en Suède sur l'intégration des immigrés qui représentent environ 15 % de la population, se concentrent dans les quartiers pauvres des grandes villes du pays et connaissent un taux de chômage plus important que le reste de la population. À Husby, il atteignait ainsi 8,8 % en 2012, contre 3,6 % à Stockholm.
À l'étranger, ces violences ont remis en cause l'image pacifique et égalitaire de la société suédoise.
Avec dépêches.