L'ex-dictateur Jorge Videla est mort à l'âge de 87 ans, vendredi, dans une prison près de Buenos Aires. En 2010, il avait été condamné à la perpétuité pour la répression menée de 1976 à 1981 alors qu'il était à la tête de la junte militaire.
Il était le symbole de la répression sanglante menée durant la "guerre sale" (1976-1983). L'ancien dictateur argentin Jorge Videla est décédé vendredi 17 mai à l’âge de 87 ans. Incarcéré dans une prison près de Buenos Aires, l'ancien général est mort dans sa cellule de la prison de Marcos Paz.
Au pouvoir entre 1976 et 1981, c’est sous son commandement que plusieurs milliers d’Argentins - syndicalistes, guérilleros, hommes politiques, ecclésiastiques, journalistes et universitaires - disparaissent dans d’obscures conditions. En protestation émerge le fameux mouvement des Mères de la Place de Mai qui chaque jeudi depuis lors se réunit devant le Palais présidentiel de Buenos Aires pour réclamer de connaître la vérité. Selon les ONG, le bilan de la répression s'élève à 30 000 morts et disparus.
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Réactions en Argentine à la mort de Jorge Vileda
Condamné par deux fois à la perpétuité pour violations des droits de l'Homme
, Jorge Videla a passé ses dernières années dans une prison de la banlieue de Buenos Aires. Il y est décédé de mort naturelle, a indiqué un porte-parole du gouvernement argentin. Sa première condamnation remonte à 1985. Accusé de crimes contre l’humanité, de 66 assassinats, de centaines d'enlèvements et de torture, celui qui fut l’instigateur et le chef du putsch de 1976 écope d’une peine de réclusion à perpétuité.
En décembre 1990, il bénéficie du pardon décrété par le président néo-péroniste Carlos Menem (1989-1999) avant d’être à nouveau arrêté en 1998 pour le vol systématique des bébés des prisonnières politiques incarcérées dans les centres de torture secrets de la junte. Les nourrissons étaient ensuite adoptés par des proches du régime.
"Jorge Videla a passé sa vie à faire le mal"
Assigné à résidence en raison de son âge, il est finalement renvoyé en prison le 10 octobre 2008 où il attend l'issue de plusieurs procès en cours. En 2010, il est condamné une seconde fois à la perpétuité pour crimes contre l’humanité, puis en 2012 il écope d'une peine de 50 ans de prison pour les vols de bébés.
"Jorge Videla a passé sa vie à faire le mal, laissant une marque sur la vie du pays", a réagi l'artiste argentin Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la paix en 1980 pour son engagement en faveur des droits de l'Homme. "Sa mort met fin à sa présence physique sur Terre, mais pas à ce qu'il a fait au pays."
Jorge Videla est né en 1925 près de Buenos Aires dans une famille d'officiers. Après des études au collège militaire et une carrière classique dans l'infanterie, il est nommé chef d'état-major général de l'armée de Terre puis commandant en chef de l'armée de Terre en août 1975. Le 24 mars 1976, il dirige avec l'amiral Emilio Massera et le brigadier Orlando Agosti le coup d'État qui, sans aucun coup de feu tiré, porte la junte militaire au pouvoir jusqu’en 1983. Le 26 mars, il est nommé président de la République. En mai 1978, le général Videla est reconduit à la tête de l'État jusqu'à fin mars 1981, date à laquelle il est remplacé par le général Roberto Viola.
FRANCE 24 avec dépêches