La situation humanitaire en Syrie ne cesse d’inquiéter l’Union européenne qui a débloqué une nouvelle tranche d’aide de 65 millions d’euros pour les déplacés syriens. Bruxelles craint que les ONG ne puissent prochainement plus faire face.
Dimanche, la Commission européenne a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire en Syrie, estimant qu’à moins d’un règlement politique à court terme, les ONG "ne pourr[ont] simplement plus faire face à l’ampleur sans précédent des besoins". "Nous arrivons au point de rupture", a prévenu Kristalina Georgieva, commissaire européenne en charge de la Coopération internationale, de l'Aide humanitaire et de la Réaction aux crises.
Au cours d’une conférence de presse commune ce lundi, le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont promis d’envoyer de l’aide humanitaire et médicale supplémentaire en Syrie. "Nous aiderons également la Jordanie et le Liban à faire face au flux de réfugiés syriens", a ajouté le chef du gouvernement britannique. Il a par ailleurs estimé que l’embargo sur les armes devait être assoupli et a promis d’envoyer des équipements militaires à certains groupes d’opposition dès l’année prochaine.
Un quart des Syriens ont été contraints de quitter leur domicile. Selon l’ONU, le nombre de déplacés en Syrie dépasse désormais les 4,2 millions, auxquels s’ajoute 1,4 million de personnes réfugiées à l’étranger, principalement au Liban, en Jordanie et en Turquie. Des chiffres qui ne devraient vraisemblablement pas baisser, au vu de l’escalade de violence dans les combats qui opposent les troupes du régime de Bachar al-Assad aux combattants rebelles.
"Plus les atrocités et les combats continuent, plus les gens fuient. Rien n'indique [...] que cela va diminuer", a poursuivi la commissaire européenne, rappelant que 60 % des réfugiés sont âgés de moins de 18 ans. "Cela signifie qu’une génération tout entière risque de devenir [une génération] perdue dans ce conflit. Cela nécessite que la communauté internationale trouve des moyens pour aider les jeunes en Syrie", a-t-elle encore déclaré dans un communiqué de presse.
De la boue jusqu’aux chevilles
À entendre Alfred de Montesquiou, grand reporter à "Paris Match" tout juste rentré d’un long séjour en Syrie, les personnes déplacées, notamment dans des camps syriens, vivent dans des conditions atroces. "La situation humanitaire est vraiment terrible, témoigne-t-il sur l’antenne de FRANCE 24. J’ai visité des dizaines de camps de réfugiés [au cours de ma carrière]. Je n’ai jamais vu de camps de réfugiés comme ceux que j’ai vus en Syrie."
Dans le camp d’Atmé, près de la frontière turque, des milliers de personnes vivent dans un camp avec de la boue jusqu’aux chevilles, sans grand-chose à manger, raconte le journaliste. "La situation] est terrible au point que les gens ont préféré quitter les camps de réfugiés pour retourner dans Alep, c’est-à-dire dans une zone quotidiennement bombardée", poursuit-il.
Le "bouton d'Alep"
"Dans Alep, il y a un peu plus de nourriture qu’avant parce que la route vers la Turquie est ouverte. Mais les conditions sanitaires sont très mauvaises et de nombreux enfants ont des espèces de boutons horribles sur le visage. […] On appelle ça le bouton d’Alep, maintenant." Il s’agit en fait de la leishmaniose, une infection due à un parasite. Les médicaments nécessaires à son traitement sont difficiles à trouver à Alep, comme nombre de médicaments basiques.
Une situation catastrophique qui alarme la commissaire européenne en charge de la Coopération internationale. "Nous devons puiser dans nos poches, a-t-elle estimé. Car le pire reste encore à venir. La crise est au-delà de la réponse humanitaire. Nous devons faire plus et mieux." À ce titre, la Commission européenne a annoncé avoir débloqué 65 millions d’euros supplémentaires destinés à venir en aide aux 4,2 millions de déplacés à l’intérieur du territoire syrien et à aider les pays voisins pour l’accueil des réfugiés.