
Alors que l'Espagne est toujours confrontée à une grave crise économique, les Indignés espagnols se sont retrouvés dimanche place de la Puerta del Sol, à Madrid, pour célébrer le deuxième anniversaire de leur mouvement.
C'était il y a deux ans. En mai 2011, un grand campement surgissait sur la Puerta del Sol, en plein Madrid. L’image, qui rappelle celles de la place Tahrir, fait le tour du monde. Les Espagnols, touchés de plein fouet par la crise, veulent changer le système. Aujourd'hui, leur situation ne cesse d’empirer. Le taux de chômage a grimpé à 27 % dans le pays et plusieurs plans d’austérité ont coupé drastiquement les financements publics.
"Il y a une certaine fatigue, confie Marta, qui gérait le compte Twitter du mouvement des Indignés il y a deux ans. Nous souffrons beaucoup des agressions du gouvernement qui ne cesse de nous enlever des droits et de couper les budgets. C’est très difficile de se rendre compte des succès que le mouvement a remportés car nous avons des moyens limités face à l’État et au système capitaliste."
Mais pas de quoi affecter pour autant le mouvement des Indignés espagnols, désormais beaucoup plus divers dans ses modes d'action. "Le 15M (autre nom du mouvement des Indignés, NDLR), aujourd’hui, s’occupe de milliers de choses, insiste Bernardo, un autre militant. Il y a, par exemple, le succès des 'marées'. Ces mouvements dénonçant l’austérité sont une sorte de post-syndicalisme fonctionnant en réseau, organisé de façon horizontale et sans leaders."
"Nous obtenons des résultats grâce à nos actions"
Ce week-end, les Indignés se sont mobilisés autour d’une autre action, contre les expulsions de familles surendettées cette fois. Une lutte prioritaire pour le mouvement qui rencontre un fort écho dans la société espagnole.
"Nous réussissons à paralyser beaucoup d’expulsions, raconte Carlos. Les actions liées au logement sont celles qui ont eu le plus de succès. Les gens se mobilisent parce que nous obtenons des résultats grâce à nos actions."
Dimanche soir à Madrid, des manifestants ont convergé vers la Puerta del Sol où tout a commencé, il y a deux ans. Sous le mot d'ordre "De l'indignation à la rébellion", ils ont marqué cet anniversaire par un "cri muet", les mains levées vers le ciel. Après cette minute de silence, ils ont crié en choeur "Oui, nous pouvons".
Au total, des milliers d'Espagnols ont manifesté dans une trentaine de villes du pays.