Après les allégations de Claude Guéant affirmant avoir reçu des primes en espèces jusqu'en 2006 alors qu'il travaillait au ministère de l'Intérieur, Manuel Valls a ordonné vendredi l'ouverture d'une enquête sur ces pratiques interdites depuis 2002.
À la demande du Premier ministre, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a ordonné, jeudi, une enquête administrative sur les primes dont son prédécesseur Claude Guéant explique avoir bénéficié lorsqu' il était place Beauvau pour justifier plusieurs factures réglées en liquide.
Dans son communiqué, "le premier flic de France" juge qu'"il appartient aux responsables [...] de l'époque de s'expliquer sur le fait que, selon certaines déclarations, cette réforme vertueuse et connue de tous n'aurait pas été appliquée à tous les membres du cabinet [...] après mai 2002 et que des primes en espèces auraient été attribuées".
Par ailleurs, "l'usage légitime des frais de police, officiellement dénommés 'frais d'enquête et de surveillance', doit être strictement contrôlé", estime le ministre de l’Intérieur.
Ces frais sont "destinés à combattre efficacement certaines formes de délinquance ou de criminalité", à "rechercher du renseignement, rémunérer des informateurs". Le communiqué du ministère précise, en outre, que "financer certaines investigations ne peut pas toujours s'effectuer dans le cadre des procédures comptables habituelles, sous peine que les policiers enquêteurs soient immédiatement repérés", pour justifier l’existence de ces fonds spéciaux.
"Un premier rapport d'étape a été demandé sous huit jours, et un rapport complet sous un mois", détaille Manuel Valls. Les résultats définitifs de l’enquête sont attendus d'ici "un mois".
Les syndicats de police réclament la transparence
"Au sein de mon cabinet, l'ensemble des rémunérations et indemnités sont conformes au régime légal en vigueur et font l'objet d'une déclaration fiscale", relève par ailleurs Manuel Valls.
De leur côté, les syndicats de police Unité-SGP (premier syndicat des gardiens de la paix) et Unsa-Police (troisième syndicat) ont demandé à Manuel Valls un audit sur les rémunérations en vigueur place Beauvau, après les déclarations de Claude Guéant.
Estimant que ses propos "ont particulièrement choqué" les fonctionnaires de police, le secrétaire général d'Unité-SGP Henri Martini, dans un courrier daté de jeudi et adressé à Manuel Valls, estime qu'il est "temps de faire une totale transparence".
Dans un communiqué distinct, l'Unsa-Police explique ne pouvoir "qu'être surpris par le versement de primes et/ou d'indemnités qui ne seraient pas clairement référencées et auraient donc pu être versées sans aucun contrôle et de manière occulte", car "les primes sont depuis plusieurs années référencées et traçables.
Claude Guéant avance une "tolérance des services fiscaux"
Interrogé sur la découverte en février, lors de perquisitions dans le cadre d'une enquête sur des accusations de financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007, de factures payées en liquide, pour, selon lui, un montant de 20 à 25 000 euros, l'ex-secrétaire général de l'Élysée a expliqué qu'elles avaient été payées par des primes versées en tant que membre de cabinet ministériel, "non déclarées de toute éternité", "avec la tolérance des services fiscaux".
Claude Guéant a également expliqué que le système avait perduré jusqu'en 2006, au-delà de la suppression en 2002 de ces primes de cabinet par le gouvernement de Lionel Jospin, via un système spécifique au ministère de l'Intérieur.
Avec dépêches