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Rome : l'auteur de la fusillade "voulait tirer sur des hommes politiques"

Une fusillade a éclaté dimanche devant la présidence du Conseil, à Rome, alors que le nouveau Premier ministre, Enrico Letta, et les membres de son gouvernement prêtaient serment. Les tirs, qui ont blessé deux policiers, sont ceux d'un "désespéré".

Deux carabiniers ont été blessés lors d’une fusillade qui a éclaté dimanche devant le palais Chigi, siège de la présidence du Conseil italienne, à Rome, alors que la cérémonie de prestation de serment du gouvernement d'Enrico Letta se déroulait non loin de là.

Enrico Letta, issu du Parti démocrate, première force de gauche, a été le premier à jurer sa fidélité à la Constitution italienne, suivi par chacun de ses 21 ministres.

"J'ai voulu faire un geste éclatant"

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Les précisions de Marine Miller, correspondante à Rome

La cérémonie un peu compassée s'est déroulée à partir de 9H30 GMT, en une demi-heure, sous les lambris dorés du Palais du Quirinal, siège de la présidence italienne. Mais au même-moment, vers 9H40 GMT, un homme a tiré plusieurs coups de feu blessant des carabiniers postés devant le Palais Chigi, siège du gouvernement, situé à environ un kilomètre de là.

Pendant que les télévisions montraient les ministres détendus et souriants qui prêtaient serment l'un après l'autre, les agences ont commencé à parler d'une fusillade avec des blessés.

L'un des agents de police a été blessé au cou, tandis que l'autre a été touché à la jambe, selon l'agence Ansa, qui affirme également qu'une passante aurait été frôlée par un projectile. Également blessé, l’auteur des coups de feu, Luigi Preiti, un chômeur calabrais de 49 ans qui s’était présenté devant le Palais Chigi vêtu de manière élégante avant d’ouvrir le feu.

Luigi Preiti, rapidement interpellé, est un "homme plein de problèmes qui a perdu son travail, a tout perdu, et a dû retourner vivre" chez ses parents en Calabre, a expliqué le procureur de Rome, Pierfilippo Laviani. Luigi Preiti voulait initialement "tirer sur des hommes politiques, mais comme il a vu qu'il ne pouvait pas, il a tiré sur les carabiniers", a précisé le magistrat. 

"J'ai voulu faire un geste éclatant dans un jour important, mais je n'ai de haine pour personne en particulier", a d'ailleurs avoué après les faits Luigi Preiti, cité par Ansa.

La piste terroriste exclue

Selon un policier, l’homme aurait tiré plusieurs coups de feu sur les deux carabiniers en faction en criant "Tirez, tirez sur moi" aux autres agents des forces de l'ordre présents. Un témoin cité par la télévision publique a dit avoir entendu au moins huit coups de feu.

Le nouveau ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano, a affirmé que ces tirs pouvaient être considérés "comme un acte isolé", "le geste criminel tragique d'un chômeur qui voulait se suicider".

"C'est le geste d'un fou déséquilibré", a déclaré, de son côté, le maire de Rome, Gianni Alemanno. "Ce n'est pas un acte de terrorisme mais le climat de ces derniers mois a certainement aidé", a-t-il poursuivi en référence notamment aux deux mois d'impasse politique dans laquelle s’est retrouvée plongée l’Italie à l’issue des élections législatives et sénatoriales de fin février.

"C'est quand même très inquiétant... Il faut voir qui est cette personne, pourquoi elle a choisi ce moment et ce lieu, ce n'était pas un hasard", a souligné, sur la chaîne Sky TG24, Fiorenza Sarzanini, journaliste spécialisée dans les faits divers au Corriere della Sera.

D’après les médias, l'état d'alerte a été décrété autour du Palais Chigi. Les nombreux badauds ont été évacués.

Avec dépêches